Il faut croire que « le troisième volet d'une saga est toujours le moins bon ». Ce n'est pas moi qui le dis mais l'une des jeunes mutantes du film, en sortant de la projection du « Retour du jedi » (oui nous sommes en 1983).


Prémonitoire ? Conscient de ses faiblesses ? Faute avouée à demi-pardonnée ? On ne sait pas, toujours est-il qu'on sort de la salle avec un goût d'inachevé en bouche. Car les bandes-annonces faisaient saliver et laissaient imaginer une épopée grandiloquente et tragique.


Or, le fait est que pour la première fois depuis sa venue sur la saga X-Men, Bryan Singer ne propose rien de nouveau. Et paradoxalement réitère quelques uns des défauts qu'il reprochait à Brett Ratner, le réalisateur du troisième volet de la première trilogie, le "X-Men L'Affrontement Final" (vous suivez ?) qui surmultipliait aussi les personnages et traitait la saga du "Dark Phoenix" avec une totale hérésie et un manque cruel de respect du matériel d'origine. Même si on le sait, il ne faut surtout pas être puriste concernant les adaptations de comics à l'écran. Et cet avis s'en affranchira totalement d'ailleurs.
Avant tout, il faut crier haut et fort que l'on ne s'ennuie pas un instant dans cet apocalypse mutantesque (sic). Le film remplit à merveille sa fonction de film pop-corn (je les préfère sucrés et vous ?) et remplit parfaitement sa mission de divertissement. Néanmoins, et c'est tant pis pour lui, on attend toujours plus de Bryan Singer, le petit prodige malin d'"Usual Suspects".


Peut-être que le personnage d'Apocalypse dont la philosophie Darwinienne "seuls les plus forts survivent" était inaccessible pour le réalisateur habitué à plus de finesse. C'est pour le coup typiquement un sujet qui aurait dû être confié à Zack Snyder qui s'embourbe un peu avec ses Superman sur lesquels il semble avoir bien peu de contrôle.


Mais le Bryan Singer a aussi des loupés : son "Superman Returns" était déjà une belle plantade et je ne vous parle même pas de son "Jack le chasseur de géants" que vous avez sûrement déjà oublié.
La vraie question est : Bryan Singer peut-il encore réussir un bon X-Men movie sans Matthew Vaughn (réalisateur du merveilleux "X-Men Le Commencement", de "Kingsman" et du premier "Kick-Ass", co-producteur scénariste du "X-Men Days of Future Past" et parti réaliser "Kingsman 2") à ses côtés ? Pas si sûr à la vision de ce troisième volet.


Outre son méchant peu charismatique au final et pas aussi effrayant et invincible qu'il devrait l'être, les principaux reproches que l'on pourrait faire à ce film sont le manque d'épaisseur des personnages. En effet, ceux-ci sont très nombreux et peu développés. Ceci expliquant sûrement cela. Et c'est dommage car on sent poindre un énorme potentiel chez ces nouvelles recrues. Oui, le casting a été sévèrement rajeuni avec de nouveaux acteurs pour incarner entre autres Jean Grey, Scott Summers et Ororo Munroe. Malheureusement, faute de temps aucun n'est réellement exploité.


Heureusement, ce n'est pas le cas de tous les rôles. Michael Fassbender (impeccable comme toujours) et James McAvoy se taillent la part du lion. L’autre star incontesté, auréolé de sa performance dans l’épisode précédent est sans conteste Evan Peters, l’interprète de Quicksilver qui a droit ici non pas à une mais à deux scènes d’ores et déjà cultes et qui devient un personnage incontournable. Ca fait un peu redite mais c’est ultra-efficace !


L’autre point noir reste indubitablement le manque d’émotion dégagé par l’ensemble. Malgré tout ce qui leur arrive, les personnages restent finalement assez insensibles aux événements et peinent à communiquer leur détresse et leur désarroi. Là encore, la gestion d’autant de personnages ne permet pas de s’appesantir sur les douleurs et tourments.


Mais l’un des plus gros ratés du film reste les maquillages des mutants, Apocalypse, Le Fauve et Mystique en tête. Ca frise l’amateurisme, une impression de mauvais caoutchouc, de grimages réalisés à la va-vite, incompréhensible pour ce genre de super-productions.


Vous l’aurez donc compris, « Le Commencement » et « Days of Future Past », les deux épisodes précédents X-Menesque (resic) étaient trois crans au-dessus. D’autant que « X-Men Apocalypse » a la malchance de sortir après « Captain America Civil War » qui, à l'inverse, a réussi à prouver que l’on peut approfondir et développer les motivations d’un aussi large casting et qui lui joue parfaitement la carte de l’émotion et de l’incarnation de ses personnages.


Néanmoins et comme précisé au début de la chronique, ce nouvel opus reste très fréquentable à défaut d’être inoubliable.
https://cestcontagieux.com/2016/05/25/x-men-apocalypse-de-bryan-singer-la-chronique-apocalyptique-et-toc/

David_Smadja
7
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le 25 mai 2016

Critique lue 190 fois

David Smadja

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