X-Men : Dark Phoenix ou est-ce que la Fox va enfin réussir à faire honneur à une des plus grandes sagas des X-Men ? Et la question semblait fortement penché dans le sens négatif sachant que de nombreux reshoots du film notamment pour toute la dernière partie ont été effectués des moisaprès le tournage retardant encore plus la sortie du film; que la Fox avec le rachat par Disney perd les droits d’exploitation de l’univers mutant qui retournera enfin dans le giron des studios Marvel (les vrais, pas les imposteurs) ce qui fait de ce film le dernier chant du cygne avant de mourir; et que le réalisateur du film en est à sa première expérience dans cette fonction...


Et le verdict est vraiment pas si mauvais. Fort heureusement, ce volet de la franchise mutante chronologiquement plus embrouillée que jamais est tout de même réussi. Du moins en tant qu’épisode solo car en s’inscrivant dans la saga, ça ne fait aucun sens…



We’re doing space missions now? -Cool.



Le film commence magnifiquement bien avec une mission spatiale dantesque où Jean Grey rencontre la force cosmique du phénix que tout le monde prend pour une éruption solaire. Et puis, comme le fanboy averti que vous êtes l'a bien compris, les choses vont dégénérer plutôt rapidement...



That power destroyed everything that ever came into contact with. Until you.



Les acteurs offrent un bon actoring de manière générale. On y retrouve 6 X-Men à la peau majoritairement bleue et lisse (trop lisse?) mis en scène dans le film : Raven aka Mystique ; Scott aka Cyclops ; Kurt aka Nightcrawler ; Hank aka the Beast ; Ororo aka Storm & Jean aka Marvel Girl / Phénix mais qui dans les films n’a aucun nom de code va savoir pourquoi… Tous m’ont convaincu à l’exception de Storm que j’ai trouvé fort chérubin ce qui ne correspond absolument pas à son statut de déesse et de mutante ultra puissante futur leader des X-Men. Scott m’a posé problème au début mais c’est en fait uniquement parce qu’on ne le voit jamais sans sa grosse visière (contrairement aux autres films où ses lunettes pour quand il est en civil avait été adaptée) ce qui réduit grandement son jeu d’acteur et le rend un peu « spécial » dans les scènes plus intimes avec cet accent qui se porte du coup beaucoup sur sa bouche, plus grande surface de peau visible. Nightcrawler est très bien mais je regrette juste que physiquement il soit si grand (il est en taille le plus grand des X-Men dans le film, ce qui fait bizarre pour les lecteurs de comics). Et Raven (campée par la megastar Jennifer Lawrence) semble ne plus rien à en avoir à foutre dans chacune de ses répliques... mais reste relativement charismatiquement imposante donc ça passe encore. 6 X-Men seulement ? Oui, c’est peu pour le dernier volet d’une saga de près de 20 ans qui a vu défiler pas mal de mutants sous les projecteurs…. James McAvoy retrouve son personnage de Professor Charles Xavier le jouant toujours aussi bien mais étant peut-être trop sympathique. J’aurais aimé retrouver un Xavier plus froid, et qui aurait été plus en phase avec ce en quoi le film essaie de le tourner. Fassbender reprend également son rôle de Magneto d’une manière crédible même si la Fox devrait apprendre à faire un film X-Men sans y insérer Magneto au chausse-pieds surtout pour le transformer en bobo menant sa communauté d’agriculteurs bio adeptes de la pédale. Jessica Chastain complète ce casting en méchante froide dénuée de toute émotion à l’écran ce qui rend son rôle au final peu intéressant pour une telle actrice. On se demande d’ailleurs pourquoi elle a accepté ce rôle qui la confine à un personnage n’existant que pour offrir un nemesis inversé en vue d’une confrontation face à l’héroïne du film. Héroïne du film qui devrait être la seule ennemie à l'écran pour créer cette dualité entre sensibilité fragile et pouvoir dantesque qui la compose… Bref, un bordel que l'on accepte uniquement en provenance de nos mutants préférés.



Are you scared, little girl, who answers to a man in a chair?



Le scénario n’a rien d’époustouflant. Je n’ai rien contre un scénario plus simpliste, bien au contraire, c’est ce que je réclame depuis longtemps pour simplifier cette saga X embarbouillée dans une incompréhension tant de la timeline que des évènements survenus, mais pourquoi reprendre une des plus grandes sagas de l’histoire des comics pour en dénaturer son scénario ? Du coup, on se retrouve avec une simple histoire de puissance phénoménale (dont on ne touchera jamais l’essence véritable) convoitée par une espèce alien méchante qui à la base avait une justification derrière mais qui finalement sont juste méchants (mais pourquoi sont-ils si méchaaaaants? PARCE QU'EUUUUH!!!). Fallait bien des méchants! Ils font leur introduction dans une scène que n’aurait pas renié un film d’horreur, mais ensuite ça joue les gros bras, changement d’ambiance direct ! L’univers Marvel a tellement de races extra-terrestres que l’on peut se demander également pourquoi ils n’en ont pas pris une existante, mais soit… C’est surtout aussi avant tout l’histoire de Jean Grey, perdue dans la découverte de ses pouvoirs qu’elle n’a jamais complètement exploités et de son identité volée quand elle était trop petite. Le film règle ses démons intérieurs sans montrer de réel développement à l’écran, ce qui est un peu dommage. D’ailleurs d’une manière générale, les personnages oscillent un peu facilement entre le bien et le mal. Jean est vite consumée par le côté obscur sans se remettre réellement en question.


Avant de faire un revirement en arrière sans qu'il n'y ait eu de déclenchement spécifique à cela. On suppose qu'elle a dû se dire à un moment "argh, putain, qu'est-ce que j'ai été con sur ce coup-là?"...


Hank et Magneto de leur côté sont également vite dévorés par une colère aveugle.


Bien entendu, on va rester sur terre, donc pas de mondes entiers réduits en cendre par Jean, juste une petite colère (tenant plus de l’accident qu’autre chose d’ailleurs) qui va envenimer les choses ! Alors qu’en fait avec le pouvoir du Phénix, elle aurait pu réparer le mal commis…. Pouvoir qui doit être effrayant mais qui ne sera jamais incarné de manière suffisamment angoissante à l'écran. Se retrouver dans sa tête, titiller par la puissance prenant le dessus sur sa raison aurait été intéressante plutôt qu'avoir une Jessica Chastain insipide lui susurrer des mots doux à l'oreille.


Vers la fin, elle touche à la véritable puissance du pouvoir désintégrant les aliens au passage mais le tout dans une gestuelle parfaitement contrôlée. J’aurais aimé voir le sol et tous les objets environnant se mettre à trembler, la voir pousser un cri puis se ruer tellement vite sur ses ennemis que même Quicksilver aurait été dépassé et les broyer dans une frénésie enragée avec un effet pyrotechnique incroyable derrière. Ou encore la voir apparaitre avec un énorme oiseau de feu dans le ciel,ce qui est tout de même sa marque de fabrique, qu’on ne verra finalement ici que dans l’espace (et vite fait) quand elle meurt dans une scène finale qui amène plus de questions que de réponses…



You think you can fix me? -Jean, you’re not broken.



L’action y est bonne et soignée même si elle n’égale pas en intensité certaines scènes emblématiques d’autres volets de la saga. Mais la scène dans l'espace est absolument magnifique et la scène du train suffit à donner sa dose de testostérone aux adeptes d'action pure et dure. Les dialogues, quant à eux, se perdent un peu dans des répliques éculées de la saga et ce sans la moindre blague ou auto-dérision ce qui amène à quelques moments des lenteurs au long métrage.



You're always sorry, Charles. And there's always a speech. And nobody cares.



La réalisation est vraiment pas mal avec de beaux plans tournants, un beau montage même si cela comporte un peu trop de flashbacks de choses déjà vues pendant le film car le spectateur a une mémoire de poisson rouge (c’est bien connu). La direction artistique est belle en restant très sobre même si je ne comprends pas certains vides dans les décors comme pour la communauté de Magneto (je veux dire le mec contrôle le métal à la perfection et est capable de le remodeler à son envie en quelques secondes sans aucune limite et tout ce qu’il va faire comme construction dans son sanctuaire, c’est empiler deux containers l’un sur l’autre ? Come on ! Un peu d’imagination !) et l'école du Pr. Xavier qui a toujours l'air aussi artificiellement en vie. On peut aussi pointer du doigt le Paris de fin des années 90’s qui parait vieillot à mourir me rappelant le Paris villageois de Final Destination. Les nouveaux costumes ne sont pas oufs avec cet énorme X rappelant fortement le design de New X-Men par Grant Morrison ce qui se marriait relativement avec les traits de dessins épais de Frank Quitely mais n'est pas forcément ce qu'il y a de plus fin esthétiquement parlant.



The mind is a fragile thing. It takes only the slightest tap to tip it in the wrong direction.



Alors avec tout cela, on peut avoir du mal à comprendre ma note. C'est vrai, le film est loin d'être parfait, mais apporte néanmoins une belle bouffée d'air frais dans l'univers cinématographique des X-Men plongeant vers une complexité jusqu'à présent toujours grandissante. Je vois cet épisode comme une espèce d'hors continuité voulant récrire d'un trait innocent certaines lignes déjà tracées. Et j'avoue avoir apprécié cela. Mon grand défaut est que cette saga du Dark Phoenix se joue grandement sur les émotions vécues par Jean car la véritable puissance qui attire ce pouvoir cosmique réside en elle depuis toujours. Et cette construction émotionnelle qui est ici passé un peu à la trappe. Dommage! Marvel Studios, à vous de faire mieux?


Bref, un film poncuté de nombreux défauts mais qui s'inscrit néanmoins comme un bon opus dans une saga de trop nombreuses fois violée d'un geste maladroit. Des effets spéciaux atteignant des sommets rarement vus et le plaisir coupable de voir un nouveau épisode des mutants qui ont accompagné mon enfance suffisent à faire le job! À conseiller à tous les amateurs du genre sans hésitation.

Créée

le 7 juin 2019

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