Your Name.
7.6
Your Name.

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai (2016)

Treasure the experience. Dreams fade away after you wake up.

Je dois admettre que je n’ai pas été spécifiquement transporté par le film. Il s’en dégage une certaine poésie, une douce mélancolie dans cette histoire d’amour très bien menée car construite petit à petit et via l’histoire derrière. Ce n’est pas un coup de foudre, comme on voit beaucoup trop souvent, mais une romance qui se construit par la découverte de l’autre, ce qui la rend au fond beaucoup plus solide et, surtout, intemporelle. Et lorsqu’on a le fin mot de l’histoire, on comprend que ce n’est pas du tout un hasard. Le côté un peu fantastique/SF est plutôt bien mené et s’inscrit plutôt naturellement au reste de l’histoire pour ne pas paraître incongru. Au contraire, cela participe de façon plutôt organique à l’ensemble de l’intrigue, lorsque chacune des pièces forme le puzzle.


Bon, du coup, c’est un peu dommage quand on grille le puzzle à la moitié du film et que s’enclenche le fond même de l’intrigue. Je ne sais pas si c’était voulu par les auteurs, qu’on comprenne aussi tôt l’idée, pour qu’on saisisse le concept derrière la structure narrative, mais j’ai trouvé du coup que ça cassait un peu la lancée.


Suis-je le seul à avoir compris qu’ils étaient dans deux périodes différentes dès qu’ils essayent de s’appeler ?


J’imagine que ça vient surtout du fait que je n’arrive pas à comprendre comment Mitsuha met un temps monstrueux à faire le lien alors qu’on parle


d’un morceau de comète qui a rasé une ville sur les chaînes du monde entier. Le genre d’événement plus marquant encore que le 11-Septembre, comment a-t-il pu « oublier » ou ne pas faire de rapprochement (quand les autres, une fois avec l’info, le font en 30 secondes).


C’est ce qui me fait dire que les auteurs voulaient garder la révélation pour plus tard dans le film par rapport au moment où ça devient évident, du coup ça crée une déconnexion entre le spectateur et le personnage qui rompt la suspension consentie de l’incrédulité. Je pense que c’est le seul réel défaut du film, ou alors c’est juste que j’ai grillé le truc trop vite et du coup, bah ça gâche un peu la partie qui suit.


Idem avec la sous-intrigue sur les traditions, à laquelle je n’ai pas du tout accrochées (parce que pas vraiment d’accord avec certains des arguments avancés), et dont le rôle reste plutôt obscur. C’est dommage, parce que le reste fonctionne très bien et surtout la conclusion qui joue très bien sur le concept : c’est pas souvent qu’on voit ce lien entre temps et mémoire exploité avec une telle intelligence. La fin même s’étendra un peu en longueur, mais ce n’est pas dramatique.


Les personnages sont plutôt attachants, Taki et Mitsuha en tête, aussi bien en temps normal que


lorsqu’ils invertissent leur corps.


La première partie du film exploitera d’ailleurs plutôt bien l’idée (même si on la comprend ou la devine assez vite), et ça sera qu’à la fin que ça prendra tout son sens. L’évolution des personnages est intéressante, que ce soit au cours du film mais aussi comment chacun s’adapte à l’autre. J’ai trouvé que c’était assez réaliste dans l’idée, et même plutôt amusant. Les personnages secondaires seront moins marquants, mais chacun aura un rôle.


La musique est dans l’ensemble sympa, même si elle ne m’a pas tant marqué en soit. En revanche, j’ai beaucoup aimé l’animation qui est fabuleuse. Les dessins, de base, sont riches en détail et très beau, avec un tracé qui participe à créer cette ambiance poétique et mélancolique, renforcée par l’animation même, que j’ai trouvé très fluide et dynamique, surfant aussi bien sur le réaliste que se permettant parfois une approche plus « animée ». Sans oublie le mélange réussi d’animation 2D et 3D dans certains plans. Une œuvre magnifique à regarder.


Bref, certains éléments font que je n’ai pas accroché au film, malgré plusieurs bons points dans son intrigue et une animation à tomber par terre. Dommage que je grille sa révélation principale trop tôt, ce qui a sans doute nuit à l’expérience globale, mais j’ai quand même bien aimé la poésie et la mélancolie qui s’en détachait.

vive_le_ciné
7
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le 4 juil. 2020

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