Sans conviction, je me prends un billet pour Yves Saint-Laurent. Le tapage autour du film, le casting alléchant, la caution morale et artistique de Pierre Bergé, pourquoi pas. La séance est dans une demie-heure, je sors et profite d'un peu de la douceur de l'air toulousain et des rayons de soleil de Janvier. "Regarde comme il faut beau, dehors..."

J'entre dans le ciné, on m'aiguille vers l'une des plus grandes salles de l'établissement. Etonnant qu'un tel film en bénéficie, vu que deux semaines avant, Don Jon était projeté dans la plus petite des salles. Passons, c'est un détail, et je crois bien que j'ai vu Polisse, The Prodigies et Dragon Ball Evolution dans cette même salle.
Sans surprise, les autres futurs spectateurs de ma séance sont pour la plupart des spectatrices, mère et fille, vieilles amies, femmes accompagnés de leur mari pour qui je préfère ne pas m'interroger sur leur motivation.

On entre. Je grimpe les escaliers et m'installe dans les rangs du fond, comme d'habitude, et je vois la salle se remplir doucement, mais on est loin de la salle comble. C'est la séance de 15h, rien d'étonnant à cela. Alors que je coupe le son de mon portable, je vois du coin de l'oeil le groupe de vieilles amies s'installer juste derrière moi. M*rde. Parce qu'elles causent, beaucoup, trop, fort, de tout et de rien. Même des personnes trois rangs devant moi se retournent. Et on en est seulement au moment où Jean Mineur lance sa pioche.

La salle s'assombrit, mes voisines se taisent. Enfin. Le film commence et très vite, on voit Guillaume Galienne vieilli, puis retour en 1957 à Oran, où Pierre Niney incarne le Yves Saint-Laurent jeune et timide sur le point de devenir le Petit Prince de la mode. A Paris, Saint-Laurent profite du quotidien avec un Karl Lagerfeld encore un minimum charnu, et on en arrive à la scène qui sans un mot, sans un bruit, doit définir Saint-Laurent : il aime les femmes pour leur grâce et les hommes dans son lit. Mais une sonnerie de portable Nokia retentit. Une des voisines de derrière, qui a préféré bavasser en hurlant avec ses copines plutôt que de penser à couper son téléphone. Et il va sonner pendant toute la scène, annihilant toute possibilité d'appréhender l'une des premières scènes qui devait poser le personnage.

C'est ainsi que j'ai commencé ma séance : 10 minutes après le début du film, craignant le prochain moment où les c*nnasses du fond recommenceraient à me pourrir ma séance. Et pas moyen d'essayer de recommencer à avoir un peu d'empathie pour les personnages, mes voisines de derrière n'ont pas arrêté puisqu'elles ont commenté toutes les scènes de défilé et de présentations des créations du couturier aux lunettes en bakélite.

Aurai-je tout raté du film ? Non. J'ai pu admirer le jeu d'acteur du duo au coeur du film, Niney et Gallienne, qui sont magistraux. Charlotte le Bon n'est pas mauvaise non plus, mais à force de masquer son accent québécois, elle en prend un accent ardennais, c'est dommage.
Enfin, la mise en scène. Quelques plans travaillés, mais le fait est que le film est du point de vue de Pierre Bergé, un homme qui a aimé Saint-Laurent presque toute sa vie, dans les bons et mauvais moments, l'a épaulé, aidé, soutenu, admiré, pleuré, regretté, ce qui fait que le film est peut-être trop respectueux de ces deux hommes et de leur image. Le film est donc trop lisse pour provoquer une véritable émotion.

Une petite déception vue dans des conditions pénibles.
Kelam
6
Écrit par

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le 8 janv. 2014

Critique lue 289 fois

Kelam

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