N'étant pas un expert d'YSL, je ne me pencherai pas sur l'exactitude -ou pas- des faits et des lieux qui semble faire débat chez les puristes.


C'est un film qui se laisse voir, sans ennui (1h40, ça change des pavés style "La vie d'Adèle" et "Le loup de Wall Street") et les performances d'acteur de Niney et surtout de Gallienne sont impressionnantes.


Ce qui pèse sur ce film, c'est d'abord l'espèce de malaise global qui caractérise la personnalité d'Yves Saint Laurent… Entre le jeune homme un peu coincé et maniéré du début, les doutes constamment présents, la timidité maladive, les excès de toutes sortes et les dépressions ponctuelles, on a toujours l'impression qu'il se cherche en permanence, comme décalé par rapport à la vie et à la réalité… Il est dans son monde et c'est dur d'y entrer, de s'identifier ou même d'essayer de comprendre son fonctionnement (Difficile de dire si c'est du à la performance de Niney ou si réellement YSL était comme ça).


Parallèlement au mal-être d'Yves Saint Laurent, plane la personnalité omniprésente de Bergé… qui l'aide, l'épaule, le soutient, le protège, certainement trop, parfois à la limite de l'étouffement et de la manipulation. Entre amour et haine, disputes et réconciliations. De YSL à Bergé : "Lui je l'aime, mais toi tu es l'homme de ma vie"…


Je retiens 2 choses de ce film… d'abord, on a un peu l'impression d'un survol presque superficiel de la vie d'YSL plus que d'un réel biopic. Je pense que certains aspects auraient mérité d'être approfondis, comme l'influence de sa maladie sur sa création, le processus de création lui-même (l'idée de la fameuse robe Mondrian après avoir feuilleté un bouquin, les premiers smokings pour femme plus tard qui apparaissent comme ça lors d'un défilé) et surtout l'image de la femme qu'il a complètement révolutionné à travers ses créations : tout ça est à peine suggéré et du coup je suis resté un peu sur ma faim de ce point de vue-là…


La 2e chose que je retiens, c'est la nostalgie d'une époque révolue ou tout était possible… Homos, hétéros, bi, drogues, alcool, excès et parties en tous genres, il régnait sur ces années 70 comme un vent de liberté, de fête et de création qui ne serait plus possible aujourd'hui. Certes on n'en parlait pas et ça ne concerne que le milieu de la haute couture, mais il me semble qu'on était bien plus tolérants à l'époque que maintenant. Tout était possible…


En résumé un bon film (pas un chef d'œuvre), qui ne s'adresse pas forcément aux aficionados d'YSL mais plutôt au grand public et qui nous fait juste toucher du doigt ce qu'à pu être la vie (certainement beaucoup plus compliquée que ce qu'on veut bien nous montrer) d'Yves Saint Laurent...

aramislyon
6
Écrit par

Créée

le 22 janv. 2014

Critique lue 295 fois

André F.

Écrit par

Critique lue 295 fois

D'autres avis sur Yves Saint Laurent

Yves Saint Laurent
PatrickBraganti
3

La couture lache

Hormis l'interprétation en effet époustouflante de Pierre Niney (la voix et la gestuelle) qui, au-delà de l'exercice purement mimétique, parvient, dans la première partie jusqu'à la rencontre avec...

le 9 janv. 2014

44 j'aime

4

Yves Saint Laurent
zoooran
7

Sous toutes les coutures...

Voilà donc le premier biopic sur Yves Saint Laurent, célèbre couturier, réalisé par Jalil Lespert, avec pour interprètes Pierre Niney, dans le rôle de YSL et Guillaume Gallienne, dans le rôle de...

le 4 janv. 2014

30 j'aime

3

Yves Saint Laurent
antoclerc
2

Le teaser d'une rétrospéctive de la collection YSL au Grand Palais...

Jalil Lespert est un piètre metteur en scène. Ils nous livre un film ou plutôt un téléfilm à la patte Canal +, fait à la hâte, qui manque selon moi d'objectivité et de distance. La réponse: le...

le 9 janv. 2014

28 j'aime

Du même critique

Welcome to New York
aramislyon
2

Circulez, y'a rien à voir !

J'avoue que j'ai regardé le film plus par curiosité (malsaine) que par réelle envie (et aussi parce qu'on nous casse les oreilles avec depuis quelques jours et que j'avais envie de me faire ma propre...

le 19 mai 2014

2 j'aime

Mon roi
aramislyon
7

Pathos et emprise

Le film commence par un accident de ski et la longue rééducation de Tony (Emmanuelle Bercot) qui sert de prétexte pour établir une métaphore (à grands coups de flash-back) entre la vie du couple...

le 29 févr. 2016

1 j'aime

1

Gravity
aramislyon
7

C'est grav' docteur ?

Ça se laisse voir... Ça commence un peu comme un film d'horreur ou tout va trop bien pour que ça dure... De belles images de la terre vue de l'espace, quelques scènes impressionnantes et pour le...

le 23 oct. 2013

1 j'aime