En entendant une possible adaptation de Don Quichotte, Terry Gilliam revient à ce qu'il sait faire de mieux, la science-fiction, qui a notamment donné son chef-d’œuvre absolu Brazil. C'est cette fois-ci dans un Londres futuriste qu'il pose sa caméra, racontant la destiné d'un personnage attendant désespérément de connaître le sens de la vie, rien que ça.
C'est donc dans un futur plus ou moins proche que Gilliam reconstitue ce qu'il voit être le futur de la ville de Londres. Une ville assaillie par les panneaux publicitaires, toujours plus innovants, allant même jusqu'à suivre un potentiel client dans la rue, lui rabâchant ses slogan, lui faisant croire à un manque. Il est intéressant de voir comment Gilliam s'est accoutumé, depuis Brazil, de l'évolution de notre société. Dans les années 80 Brazil mettait en scène un monde futuriste dirigé par un gouvernement à la limite de la dictature. Aujourd'hui ce ne sont plus les gouvernements qui ont le pouvoir, mais bien les entreprises. En cela le monde futuriste de Zero Theorem est décrit comme une conquête totale du monde capitaliste. Malheureusement, c'est le seul point où Gilliam se soit actualisé.
Dès les premières scènes, une fois plongé dans ce décor foutraque, on sait que l'on est dans l'univers de l'auteur de Brazil, parce que l'on retrouve à peu près le même type de décor justement. Le monde qu'il nous propose est d'une mocheté absolue, sans aucun charme. Une vision futuriste qu'on avait en tête dans les années 80. Le génie formel qu'est Terry Gilliam s'est complètement fourvoyé sur ce film, qu'on dirait tout droit sorti de ses débuts en tant que cinéaste.
Ce qui fait la belle réussite de Brazil toujours aujourd'hui, même avec un décor qui a mal vieilli, c'est la pertinence de son propos. Le propos de Zero Theorem, on le cherche encore ! En s'attaquant à un sujet tel que le sens de la vie, sans la dérision des Monty Python, Terry Gilliam perd complètement son spectateur (et très certainement ses acteurs) dans un déluge de non-sens. Vulgairement le film nous dit que la vie de son personnage, cherchant sans cesse des réponses à une question qui n'existe pas (le sens de la vie, donc), est dénuée de sens. Et le spectateur, en cherchant sans cesse des réponses à un film qui ne dit rien, de quoi sa vie était-elle faite pendant ces deux heures ?
Un ratage complet. Au lieu de se demander quel est le sens de la vie, le cinéaste aurait dû revoir à la baisse ses ambitions et se demander, d'abord, quel sens donner à son film.