Le souffle et l'aspiration d'un fugitif né

A bout de course, clairement le titre et l'affiche ne donne pas franchement envie d'y aller ! Et c'est peu de le dire ! Puis même l'histoire en soi n'est pas non plus dés plus entrainante. Au final ce qui attire c'est Sidney Lumet. A raison !


Danny est fugitif de naissance, ses parents le sont, alors lui aussi l'est. Automatiquement. Lui n'a rien fait, il ne demande qu'a vivre.
Et c'est là que Lumet pose sa caméra, à un moment, où, Danny découvre tout ce qui fait les aspirations de la jeunesse : apprendre, l'amour, ses passions, la liberté, la rebellion, se chercher, se trouver, se perdre.


Dans une Amérique ordinaire et une famille au destin peu ordinaire, Sidney Lumet décide que Danny devra être ce fugitif innocent. Danny n'existe que par sa présence réel, rien ne le relie à la société comme tous les autres enfants. Pour exister, Danny devra faire une croix sur ses parents, devra faire tellement plus que n'importe qui pour seulement exister et pouvoir vivre.

A travers une histoire d'amour adolescente entre un Danny, talentueux pianiste, et Lorna fils du professeur.....de musique, A bout de course arrive à transporter le spectateur dans une quête de liberté exacerbée par une jeunesse emprisonnée dans la fuite. Sidney Lumet réalise tout cela avec une intense simplicité, que ce soit la caméra ou les dialogues, tout est limpide et simple. C'est une grande force, une immense force d'arrivé à traiter d'un sujet si compliqué que l'adolescence et la fuite avec une telle simplicité.
D'ailleurs, cette scène de l'anniversaire d'Annie est pour moi tout simplement sublime. D'une sobriété sans égale, sincère et ordinaire. Que dire de la fin...qui montre tout l'amour que chacun se porte malgré les difficultés.


Moi j'aime Lumet pour cela, sa manière de mettre un sujet complexe au contact de personnages qui pourraient être monsieur tout le monde. Il a, comme Kubrick, cette manière de sublimer chaque situation aussi anodine soit elle, cette manière de rendre ces acteurs parfait, juste et sensible.
Ici Artie et Annie ne sont pas tout le monde. Mais Danny lui le devrait. Et c'est lui le centre de cette histoire. Et pourtant il n'a rien demandé. Mais c'est lui qui pourra changer le monde.


Je ne sais pas si on peut changer le monde, ce n'est peut-être pas en jouant du piano que Danny pourra le changer. Mais le principale c'est d'y croire, c'est d'y aspirer, car au bout de la course il y a la liberté de vivre, de croire et peut-être aussi la liberté de changer le monde.

Halifax

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