S'il semble plus écrit que ses deux films précédents, A Chiara, dernier volet d'une trilogie calabraise de Jonas Carpignano s'attache toujours à un réalisme nerveux, sans être pour autant pleinement documentaire, et une prédilection pour les scènes de groupe (ici, des anniversaires). Carpignano ne refuse pas quelques touches d'onirisme mais c'est surtout l'utilisation peu conventionnelle de la musique qui suscite l'admiration. Le cinéaste multiplie par ailleurs les gros plans de son interprète principale et débutante, Swamy Rotolo, une jeune fille de 15 ans, qu'il côtoie depuis longtemps dans la vie réelle, et qui joue aux côtés d'autres membres de sa famille, ce qui explique que celle-ci donne beaucoup dans ce rôle d'une adolescente qui découvre que son père est un mafieux. Il n'est pas interdit de penser à Marco Bellocchio même si Carpignano ne traque pas le romanesque ni le romantisme dans ce portrait psychologique qui s'apparente presque à un thriller. Fort intelligemment, le film ne donne pas plus de clés que celles que possède son héroïne dont la volonté et le jusqu’au-boutisme ont de quoi impressionner. L'ellipse finale, pour sa part, assez frustrante et déstabilisante, entend garder le mystère quant à l'avenir du personnage central de A Chiara. Le choix est très personnel et ne s'imposait pas, sans doute, mais il ne saurait, à lui seul, retirer toute sa puissance au récit.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2022

Créée

le 16 oct. 2021

Critique lue 2.3K fois

8 j'aime

5 commentaires

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

8
5

D'autres avis sur A Chiara

A Chiara
Grimault_
6

La quête du père

A Chiara est un film italien réalisé par Jonas Carpignano, présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2021. L’on y suit une jeune fille partant à la recherche de son père dont...

le 13 avr. 2022

8 j'aime

2

A Chiara
constancepillerault
8

Critique de A Chiara par constancepillerault

La mafia (qu'il s'agisse de Cosa Nostra, de la Camorra ou de la N'Drangheta ) est décidément une source d'inspiration inépuisable pour les cinéastes italiens. Jonas Carpignano réussit à renouveler le...

le 18 avr. 2022

5 j'aime

A Chiara
thomaspouteau
8

Mala Vida

Si les fleurs du vent sont des papillons alors Chiara est un aigle. Regard acéré, agile, vive et vivante. Queue-de-cheval trotte sur tapis de course, elle souffle et avance sur place, tourne en rond...

le 24 juil. 2021

4 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13