"A l'Ouest des rails" est une expérience cinématographique pour le réalisateur et bien entendu pour le spectateur curieux, courageux (?) qui affronte neuf heures de projection d'un documentaire.
Rassurez-vous ces neuf heures sont absolument passionnantes.
Wang Bing a donc filmé la destruction d'un site industriel dans le district de Tie Xi.
Le film est divisé en trois parties : Rouille (sur le démantèlement proprement dit de quelques usines), Vestiges (sur la destruction d'habitations ouvrières) et Rails (sur les trains qui circulent littéralement à l'intérieur du site industriel).
Wang Bing pénètre à coups de longs et magnifiques travellings dans ce site industriel et sa caméra, qu'il porte parfois sur le ventre, ne juge pas. Wang Bing n'est pas là pour démontrer mais pour montrer.
Montrer des gestes qui se répètent, des hommes qui se douchent, qui jouent aux cartes et mangent dans leurs usines (fonderie, tôlerie etc.)
L'impression qu'ils vivent dans leur usine est frappante. Tous sont conscients du malheur qui les attend (le chômage, la misère), mais les sourires demeurent.
Il y a énormément de beauté dans les images de Wang Bing. La beauté des usines, évidemment, mais la beauté de ce que Wang Bing capte. Car Wang Bing, ne sait pas où il va. Il pose sa caméra sur une locomotive, pénètre dans une usine, dans des douches, dans des taudis mais après il regarde, écoute et laisse les choses se produire.
Il y a beaucoup de moments très intenses, des personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté, dans le froid, qui ne mangent pas à leur faim mais qui ne se plaignent jamais.
Nous assistons à un effondrement industriel mais certainement pas humain.
Ce film fleuve unique est une œuvre rare à découvrir d'urgence d'autant qu'il est facilement accessible en dvd.