Rarement vu un film d'une telle modernité pour la première moitié du XXe siècle. Le fait que les jeunes allemands soient joués par des acteurs américains pourrait surprendre voire même déplaire. Pourtant, cela accroit chez l’ensemble de la jeune troupe son aspect adolescent et ingénu ( ce que fait également Verhoeven dans Starship Troopers en ré-utilisant les codes des sitcoms u.s pour ados au début du film).

La claustrophobie touchant le personnage principal (Paul) est présente tout du long tant dans la salle de classe que dans le centre de formation ainsi qu’au sein des tranchées. Symbole d’un impossible échappatoire pour une jeunesse envoyée à l’abattoir et qui ne peut revenir sur ses idées sans être stigmatisée socialement comme le constatera avec amertume Paul en rentrant en permission dans sa ville natale. En temps de guerre, il faut boire le calice jusqu’à la lie.

Mention spéciale à la scène de discussion post mortem entre le personnage principal et le soldat français tué au corps à corps qui dégage un pathos exceptionnel.

Bien que l’œuvre porte un message explicitement antimilitariste, il est peu offensif envers la hiérarchie militaire comme purent l’être dans les années 50-60 Les sentiers de la gloire de Kubrick ou Pour l’exemple de Losey. Excepté un sergent borné et médiocre qui montre rapidement sa difficulté à se faire respecter, les hauts gradés ou le Kaiser ne sont pas raillés et lorsque les premiers apparaissent ils ne sont pas montrés forcément sous un mauvais jour. L’absence de responsables de ce massacre collectif à l’écran accentue alors le côté tragique du film car dès lors c’est comme si un spectre funeste, une grande machine infernale, impersonnelle et inéluctable, rôde du premier au dernier soldat fauché par la guerre industrielle.

Le film fut interdit dès sa sortie en Allemagne sous la pression grandissante du parti nazi.

Film maître sur l’absurdité de la guerre à ranger avec les excellents Johnny s’en va t en guerre, Apocalypse Now et Starship Troopers.

XavierVest
9
Écrit par

Créée

le 9 mars 2024

Modifiée

le 9 mars 2024

Critique lue 20 fois

Zavier West

Écrit par

Critique lue 20 fois

D'autres avis sur À l'Ouest, rien de nouveau

À l'Ouest, rien de nouveau
pphf
8

De boue les morts

♪Moi, mon colon, celle que j’préfère, c’est la guerre de 14-18 ♫ (G. Brassens) A l’ouest, rien de nouveau occupe une place historique considérable. A plus d’un titre. 1930 La dernière guerre, la «...

Par

le 4 avr. 2015

32 j'aime

À l'Ouest, rien de nouveau
Lilange
8

Misery is a butterfly

“Héros de demain, levez-vous pour votre mère Patrie” Cette idée résonne et bouillonne dans les têtes fraîches et les corps vigoureux de ces jeunes écoliers, naïfs et impressionnables. «Allons-y...

le 19 sept. 2018

28 j'aime

8

À l'Ouest, rien de nouveau
Sergent_Pepper
8

Sa jeunesse ne fut qu’un ténébreux ravage…

Formidable leçon dans le carton initial que cette citation du prologue de Remarque dans son livre, dont le film est l’adaptation : This book is to be neither an accusation nor a confession, and...

le 6 mai 2018

27 j'aime

2

Du même critique

À l'Ouest, rien de nouveau
XavierVest
9

Claustrophobia

Rarement vu un film d'une telle modernité pour la première moitié du XXe siècle. Le fait que les jeunes allemands soient joués par des acteurs américains pourrait surprendre voire même déplaire...

le 9 mars 2024