"A la merveille" est le sixième long-métrage de Terrence Malick. Il présente l'histoire d'un doute, celui de la race humaine, toujours à la recherche de choses plus excitantes, plus vivifiantes.
Autant le dire de suite, le film est un ratage monumental. Les films de Malick sont au cinéma ce qu'est l'art contemporain à l'art tout court. Incompréhensible, prétentieux, inutile, ennuyeux à en mourir. Il se réinvente dans sa propre médiocrité à chaque scène. Alors que "The tree of life" était un récit sans vraiment l'être puisque le scénario ne présentait pas d'histoires à proprement parler, le gros défaut de ce film-là est de vouloir dépeindre une histoire d'un amour toutefois banal entre petits bourgeois occidentaux. Malheureusement, ce récit, ne s'accorde jamais vraiment avec la mise en scène de Malick, très personnellement mystique.
Concernant les acteurs, c'est une catastrophe. Ou bien, est-ce le jeu qu'on leur demande qui n'en vaut pas la chandelle ? Tous semblent être venus afin de pouvoir inscrire le nom divin du réalisateur sur leur CV.
Ben Affleck est aussi invisible et inconsistant que peut l'être ce qu'essaye de nous montrer Malick avec ses troncs d'arbre et ses tortues sous-marines.
Rachel McAdams, clairement là pour faire de la figuration, est à peu près aussi crédible en fille de ranch de bisons que pourrait l'être Emmanuelle Riva aux côtés de Bruce Willis dans Die Hard 6.
Seul Javier Bardem ne parvient pas à descendre aussi bas que ses collègues, en prêtre perturbé par une crise de foi.
Mais, enfin, que dire d'Olga Kurylenko ?
Car c'est peut-être là ma pire rancune à Terrence Malick. Il a réussit à me faire détester Olga Kurylenko. En tout cas, son personnage.
Passant son temps à courir dans l'herbe le sourire niais aux lèvres, puis dans la seconde suivante, pleurer sur son pauvre petit sort de petite salope, elle se ridiculise de bout en bout du film. On retiendra un moment vide de sens lors duquel, telle une gamine de six ans et demi, elle court après un vol d'oiseaux alors qu'elle, de son côté, ne parvient pas décoller du toit d'un immeuble ("- De quel immeuble ? - J'en sais rien ! T'as rien compris, c'est pour l'imaaaaaaage !").
Mention spéciale à la scène bourgeoise bohème par excellence avec l'italienne qui veut "briser ses chaînes" et surtout qu'"on la surprenne" ! Elle aussi doit être en manque de sensatsions fortes dans sa belle maison. Cette scène est actuellement une des plus irréalistes et stupides de l'année 2013, avec nombre d'entre celles de "Tu honoreras ta mère et ta mère".
Car c'est là l'apogée de la médiocrité de ce film plan-plan : tour à tour démagogue (pas moins de cinq langues sont parlées durant le film, pour donner le style "film incandescent émérite et universel"...), puis bourgeois au plus haut point (Malick trouve cohérent de montrer cinq minutes de la misère humaine en toute fin du long-métrage, alors qu'il vient de nous présenter une histoire larmoyante et ridicule de deux petits bourgeois aux problèmes de coeur) et enfin irréaliste (quand la topless mannequin hégérie du cinéma moderne Olga Kurylenko va se jeter dans le stupre et la fornication avec un espèce de pitoyable camé à la face ravagée, mais à la réflexion tout de même malickienne puisqu'au coeur tristement tatoué d'une tête de mort prise au piège...). On mentionnera aussi la nostalgie ahurissante de la petite Olga qui a le mal du pays en repensant à ces belles contrées des Etats-Unis. Les Favelas de Colombie ? Non, non. Elle habite en plein coeur de Paris. Mais si, vous savez, la plus belle ville du monde ! ("Mais non, mais elle n'a pas le mal du pays. C'est son beeeeeeel Affleck qui lui manque !")
Tout ça pour défendre un amour qui ne se cherche nulle part, et qui ne vit que sur les cendres d'un passé bien trop idéalisé.
Au secours...