Je n'ai que très peu d'exemples en tête où le football et cinéma ont fait bon ménage, même si ici le ballon rond est surtout prétexte au film d'évasion, mais lorsqu'un immense cinéaste associé à l'un des meilleurs joueurs ayant vu le jour collaborent ensemble, il y a forcément de l'espoir.


John Huston prend le temps de mettre en place le contexte, celui d'un camp de prisionner où les projets d'évasion vont se mêler à celui d'un match de football, puis présenter les personnages, notamment un excellent joueur britannique et un yankee ne pensant qu'à s'évader et pour qui le football non américain est juste un jeu de vieilles filles et de pédales. C'est là que l'oeuvre trouve son principal intérêt, dans ces deux personnages dont les évolutions vont être intéressantes, comment ils vont devoir collaborer ensemble malgré des points de vues différents, et la façon dont le match va se préparer en même temps que l'évasion.


À nous la victoire bénéficie en plus d'un personnage féminin apportant une légère touche de sensibilité, ainsi que d'une opposition intéressante, avec des nazis qui ne sont pas négligés, ce qui est, par contre, le cas de plusieurs seconds rôles potentiellement intrigants, à commencer par Pelé en personne. John Huston parvient aussi à rendre le contexte de son film captivant, que ce soit celui de la Guerre ou de l'univers carcéral, même si ce n'est pas toujours bien approfondis, avec en plus quelques séquences particulièrement bien foutues, surtout le match final, assez immersif.


Là où le bat blesse, c'est que l'oeuvre est aussi vite vue qu'oubliée, ou presque, tant Huston ne parvient pas à faire ressentir diverses sensations, que ce soit le rire, la tension ou l'angoisse sourde liée à la Guerre. Il peine un peu à sublimer un scénario qui en aurait eu pourtant bien besoin, alors que À nous la victoire bénéficie tout de même d'un improbable casting (Michael Caine, Sylvester Stallone, Max von Sydow, Pelé, Bobby Moore...) avec des comédiens ou joueurs qui semblent contents d'être là et portent, par moment, le film sur leurs épaules.


C'est rare qu'il y ait une bonne alchimie entre Cinéma et Football et À nous la victoire, malgré quelques aspects convaincants, ne déroge pas vraiment à cette règle, bien que John Huston parvient à emballer tout cela avec une certaine efficacité, aidé par un casting improbable.

Créée

le 22 mars 2018

Critique lue 644 fois

14 j'aime

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 644 fois

14

D'autres avis sur À nous la victoire

À nous la victoire
Docteur_Jivago
5

La Grande Evasion

Je n'ai que très peu d'exemples en tête où le football et cinéma ont fait bon ménage, même si ici le ballon rond est surtout prétexte au film d'évasion, mais lorsqu'un immense cinéaste associé à l'un...

le 22 mars 2018

14 j'aime

À nous la victoire
Alligator
6

Critique de À nous la victoire par Alligator

Rare, un film sur le foot. Dopé à la présence de grandes stars du ballon rond de l'époque (Pelé, Bobby Moore, Van Himst ou Ardiles), le film fait souvent semblant de s'intéresser au foot avec...

le 24 nov. 2012

5 j'aime

À nous la victoire
AMCHI
5

Sympathoche

C'est sur A nous la victoire n'est pas le plus grand film de John Huston mais c'est un divertissement très sympa à voir au casting séduisant. De plus l'histoire est plutôt bien troussée.

le 9 oct. 2017

4 j'aime

8

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34