Quand il s’agit de parler de l’air du temps qu’il fait, Valérie Donzelli se montre en général inspirée et c’est bien le cas avec À pied d’œuvre. Nous voici en présence d’un homme qui a choisi d’abandonner un métier plutôt lucratif pour sa véritable passion, l’écriture, au grand dam de ses proches et avec le risque de connaître des fins de mois difficiles. Le héros du film verse dans les petits boulots et la précarité qui va avec. Son entourage le considère comme un faux pauvre, mais il s’en fiche, se considérant libre malgré sa soumission à des patrons d’un jour. Donzelli filme sa nouvelle condition avec finesse et le goût de la fantaisie qu’on lui connaît. Cela reste le monde capitaliste, dans un mode mineur, mais toujours concurrentiel, avec cet usage de noter sur les réseaux tout service rendu, à partir du moment où il est tarifé. La réalisatrice s’en amuse et s’en inquiète, mais c’est avant tout un portrait humain que chacun jugera à l’aune de ses propres convictions. C’est une œuvre politique, assurément, non dans le jugement, mais dans l’évocation, dont la légèreté permet de demeurer sur une tonalité pas si pessimiste. Bastien Bouillon, décidément incontournable depuis quelque temps, apporte à son personnage l'apparente désinvolture et la conviction nécessaires.

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le 3 oct. 2025

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