Pourquoi ne pas raconter au cinéma la vie d'une des plus grandes fortunes du Royaume-Uni ? C'est chose faite grâce au cinéaste anglais Michael Winterbottom, qui filme l'histoire de Paul Raymond, directeur de clubs de strip-tease, roi de l'immobilier et éditeur de revues érotiques. Plongé dans l'Angleterre conservatrice des années 1960, A Very Englishman se veut être le biopic d'un homme brillant et complexe pour qui (presque) tout réussi.

Pourquoi aborder une énième fois la biographie sur grand écran avec des flash-back, en montrant un personnage se souvenir de sa vie et de ses erreurs passées ? Pourquoi peindre les images en noir et blanc au début du film alors que cela ne s'y prête aucunement ? Autant de questions laissées sans réponses, où l'on observe un récit décousu composé seulement de petits fragments de vie non approfondis. Le rythme est saccadé puis finit par devenir plat, où le public s'ennuie à de nombreux moments.

Le réalisateur de The Killer Inside Me dresse le portrait ordinaire d'un homme extraordinaire qui tourne en rond entre champagne, string et cocaïne. Même les scènes de danse ne sont ni réjouissantes ni attractives. On préfère à ces innombrables fêtes le côté intime de Paul Raymond. La scène avec son fils caché est par exemple très réussie. Elle dévoile toutes les failles d'un homme parti de rien et étant parvenu à atteindre le sommet professionnel. Cependant, on voit qu'il a échoué dans un domaine capital, celui de la famille.

Nous savons dès le début à quel personnage nous avons affaire. Au lieu de voir constamment un homme beau parleur (alors qu'il était bègue) et sûr de lui, on aurait préféré observer l'ambivalence entre Paul Raymond le businessman, et Geoffrey Quin (son vrai nom) l'homme véritable qui se cache derrière toutes ces strasses et paillettes. Heureusement que l'interprétation solide de Steeve Coogan, habitué du cinéaste, rend ce biopic assez crédible.

On regrettera enfin l'aspect politique du Royaume-Uni des années 1960, très peu mis en avant dans A Very Englishman. Alors que cet homme a posé un véritable problème à cette période avec sa décadence et son esprit révolutionnaire, Winterbottom se contente de ne parler que de l'homme, et non de la société qui l'entoure. Un film à l'allure ambitieuse, mais finalement barbante.
Hugo_Harnois_Kr
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le 7 févr. 2014

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Hugo Harnois

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