Trouver les financements pour accoucher d'un long métrage un minimum audacieux demeure une entreprise ardue voire parfois impossible dans l'industrie cinématographique française. Plus nombreux qu'ils n'y paraissent sont les réalisateurs porteurs de projets atypiques, radicaux, subversifs, quelquefois même en complète rupture avec le système politique et économique hexagonal, à tel point que l'avance sur recettes n'est pas toujours de rigueur du côté des membres du CNC, sans doutes trop frileux ou timorés pour donner leur aval à des artistes en quête d'originalité, de reconnaissance publique ou plus généralement de recherche créatrice.


C'est en 2004 que le grand et respectable Paul Vecchiali réalise A vot' bon coeur, sorte de comédie acerbe tirant à boulets rouges sur le comité du CNC et ses neuf représentants, définitivement décidé à régler ses comptes avec un système qui ne l'a que très rarement soutenu financièrement. Amusant et caustique ce petit film, fait de bric et de broc, d'images disparates et de chansonnettes héritées du cinéma de Jacques Demy assume d'un bout à l'autre sa volonté de piquer au vif les dignitaires économiques du ministère de la Culture, s'inscrivant courageusement dans la lignée peu commune d'un Art contestataire, finalement assez proche d'un nouveau cinéma-militant.


En représentant le tournage d'un film ayant pour sujet la dépendance et la souffrance ( une étrange fiction singulièrement intitulée La Guêpe ) Vecchiali met en abyme son propos, jouant par ailleurs sur ses élans revendicateurs voire un brin revanchards... et retrace sa croisade artistique sous la forme d'un polar assassin, cocasse voire parodique ! Il fait à nouveau appel à certains membres de sa famille cinématographique ( Catherine Lachens, Patrick Raynal ou encore Noël Simsolo pour les acteurs ; Roland Vincent pour la musique et les chansons...) tout en proposant un cinéma conscient de sa ligne de conduite et de sa marginalité. Une oeuvre sincère, confidentielle mais édifiante, qu'il serait bon de réhabiliter à l'avenir. Etonnant.

stebbins
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le 26 janv. 2016

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