A la manière de Clint Eastwood dans American Sniper, le réalisateur Tobias Lindholm expose, dans A War, la complexité morale de la guerre à travers le prisme de la famille. Ainsi, à l’histoire du commandant en Afghanistan se superpose celle de sa femme et de ses enfants, restés au pays. Tout l’intérêt du long-métrage résidant dans sa capacité à montrer que les deux sont étroitement liés et s’influencent mutuellement. Si les décisions difficiles prises par le mari sur le terrain ont logiquement des répercussions sur le cocon familial, le cocon familial lui-même conditionne à n’en pas douter ces fameuses décisions. Il en découle dès lors un film incroyablement réflexif, qui n’hésite pas à confronter le spectateur à des dilemmes inconfortables lors du volet juridique, qui compose l’essentiel de la seconde moitié du récit. Sans tomber dans un manichéisme primaire, qui aurait certainement affaibli l’impact du film, A War parvient avec brio à révéler toute l’ambiguïté politique d’un système prêt à condamner l’un de ses commandants pour avoir sauver ses propres hommes.


Surtout que la réalisation de Lindholm, extrêmement élégante, a la bonne idée d’illustrer autant les éléments à charge du soldat que ceux en sa faveur, ce qui renforce considérablement la réflexion lors de son procès. Quel que soit le verdict prononcé, aucune décision idéale ne semble en effet se dégager, prouvant de ce fait les contradictions majeures qui entourent l’affaire. Néanmoins, aussi intéressant soit le film, celui-ci ne brille pas nécessairement par son originalité puisque ce genre de sujet a tout de même déjà été maintes fois exploité au cinéma. Certes, celui-ci bénéficie d’une écriture et d’un traitement que d’autres n’ont pas, mais ça n’enlève rien au sentiment de « déjà vu » que l’on peut ressentir durant le visionnage. Enfin, côté casting, les acteurs délivrent tous des prestations convaincantes, à la fois subtiles et puissantes. En particulier Pilou Asbaek, superbe en chef de famille responsable (dans tous les sens du terme), et Tuva Novotny, incroyable de sensibilité en épouse courageuse.


En définitive, A War s’impose donc comme un drame aussi prenant que déstabilisant. Si la thématique exploitée ne brille pas forcément par son originalité, l’écriture subtile, le traitement judicieux et la justesse des acteurs en font un film diablement efficace. Une petite pépite !


https://cinerama7art.com/2016/07/12/critique-a-war/

Wolvy128
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le 12 juil. 2016

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Wolvy128

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