Abattoir 5
6.7
Abattoir 5

Film de George Roy Hill (1972)

Forcés nous sommes de constater que la narration morcelée du récit est un vrai exercice de virtuosité, car le personnage vit vraiment différents moments de sa vie en même temps, et que les émotions qu’il éprouve dans un moment interfèrent dès que celui-ci change d’époque. Il sait quand il mourra, dans quelles circonstances, mais pas nous. Cela rend le récit particulièrement vivant, et il y a au passage des rapprochements qui sont faits entre différentes parties de sa vie afin de faire des parallèles intéressants , un peu comme Enter the void se permettait de le faire (mais formellement, les deux films ne sont pas comparables). Un parcours de vie que nous suivons, et qui se révèle être une bonne illustration de la période historique balayée. Surtout en ce qui concerne la seconde guerre mondiale, où notre héros sera déporté à Dresde. Un portrait de guerre moins accentué que la moyenne (on ne voit pas les atrocités de la Shoa, on reste concentré sur notre personnage et son parcours de prisonnier de guerre) qui donne un souffle plus léger que d’habitude au ton de l’histoire, qui gagne alors en authenticité. Malgré son titre, abattoir 5 est loin d’être une boucherie, c’est un parcours d’une vie, et dont la morale pour le moins positive reste parfaitement d’actualité dans l’approche de la Vie : il faut se focaliser sur les bons souvenirs et tenter d’oublier les mauvais. Une morale simple et un peu simpliste, mais qui apparaît comme logique au regard de la guerre, tragique sans être misérabiliste, ce qui apparaît alors comme une solution à la portée de tous por oublier ce traumatisme. Un concept parfaitement maîtrisé, jusqu’au final totalement ancré dans la science fiction où notre héros devient une sorte d’attraction dans un show de téléréalité plutôt amusant. L’humour fait en effet feu de tout bois, on rira de l’incongruité des situations et de la voix off interrogative focalisée sur la vie privée de notre personnage (la question « Vous êtes vous accouplés ? » alors que la pièce est plongée dans le noir est un vrai éclat de rire). Dans un final kitch (les feux d’artifice) et rejoignant son message sur la vie (reproduire la vie est ici la finalité, le but de la vie), Abattoir 5 conclut bien son histoire, et s’assure ainsi un bel avenir dans notre mémoire pour son concept osé pour l’époque et son éclairage, certes classique, sur la vie. Bonne surprise.
Voracinéphile
6
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le 15 juil. 2014

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