Un peu à la manière du duo Cattet/ Forzani (AmerL'Etrange Couleurs des Larmes de ton Corps), les réalisateurs mexicains Luciano et Nicolas Onetti n'ont cessé de rendre un vibrant hommage au giallo à travers leurs premiers films que sont Francesca et Sonno Profundo. Ils poursuivent ici l'exercice de style avec Abrakadabra, une coproduction de 2018 entre le Mexique et la Nouvelle Zélande qui ressemble pourtant à un vieux giallo italien des seventies.


Le film raconte l'histoire de Lorenzo un magicien dont le père le grand Dante est mort sur scène à la suite d'un numéro qui a mal tourné. Alors qu'il s'apprête à monter sur scène à son tout trente ans plus tard , une série de meurtres viennent troubler les perspectives de Lorenzo.


La grande force de Abrakadabra, ainsi que sa principale limite, tient presque toute entière dans le brillant exercice de style qu'il constitue. Effectivement le film ressemble à s'y méprendre à un giallo de la grande époque et les deux réalisateur nous offre une magnifique reconstitution de l'esprit qui imprégné ce genre de film. Typographie du générique, musiques, costumes, maquillages, mise en scène, lumières, dialogues en italien … absolument tout nous renvoie à Argento, Lenzi, Bava ou Martino. Certaines séquences accompagnées d'une bande originale très Goblins dans l'esprit sont d'absolument magnifiques exercices de pur mise en scène. Quasiment rien ne vient dénaturer l'ambiance et trahir le subterfuge si ce n'est quelques menus détails comme les tatouages de certaines actrices. Après Francesca déjà très réussi (Je n'ai pas encore vu Sonno Profundo), Luciano et Nicolas Onetti signent une nouvelle fois un superbe hommage référentiel au genre avec son lot de fulgurances graphiques et d'images symboliques. Même si leur patte graphique de réalisateurs est un peu moins forte et moins poétique que celle du duo français Catte/Forzani, le duo nous propose une nouvelle fois une superbe galerie d'images fortes et teintées de nostalgie. On notera toutefois qu'à certains instants à force de faire comme, de singer les codes et de forcer le trait, le film flirte aussi un peu avec la parodie


La limite de ce genre de film est ensuite de dépasser le simple exercice de style pour proposer un film à part entière, ce que réussit un peu moins Abrakadabra. Si dans un premier temps l'intrigue est parfaitement conduite est pleine de mystère, sa résolution entre facilité et rebondissements abscons laissera bien plus perplexe. Autre gros point faible pour moi c'est l'acteur German Baudino qui incarne le personnage principal avec un sérieux déficit de charisme et un talent tout relatif. Difficile de vraiment s'accrocher et se passionner pour le destin d'un personnage aussi mal écrit que interprété. Car malheureusement au bout d'un moment et même si le film est très court avec moins de 75 minutes au compteur on aimerait que l'attrait visuel soit accompagné d'une histoire bien plus prenante et angoissante. Abrakadabra n'est bien sûr, et fort heureusement, pas totalement vide dans ce qu'il nous raconte mais si son ramage se rapportait à son plumage nous aurions eu droit à un merveilleux phénix du giallo.


Luciano et Nicolas Onetti réussisent presque à faire renaître le giallo avec tout ce que ce qui est relatif au genre et que l'on a tellement aimé dans le passé. L'affiche est magnifique, la mise en scène fait le boulot, la musique donne des frissons nostalgiques , les images convoquent les esprits des plus grand … avec un meilleur acteur et un pur scénario de thriller le tour de magie aurait été presque parfait.

freddyK
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le 3 avr. 2022

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