je ne m'y attendais pas, mais j'ai beaucoup aimé, et je suis très heureux de voir Podalydès opérer un véritable retour en grâce avec un film encore plus sombre que Liberté-Oléron.
Je trouve que ce film parle parfaitement bien du deuil. J'entends par là que Podalydès est un cinéaste comique (pas seulement mais quand même) et qu'il choisit un sujet qui n'est pas comique du tout : il parvient à en parler vraiment, à faire un film drôle, tout en respectant son sujet, ne s'en moquant jamais. On ne rit pas de la mort, de l'enterrement, du cérémonial, mais on rit du probable comportement des gens autour de ça. Le film est un film profondément respectueux de son sujet.
Alors il y a bien quelques petits gags, surtout des jeux de mots, foireux, qui tombent à l'eau, surtout au début d'ailleurs, mais je prends ça comme des mots d'enfant, une manière de désamorcer la tragédie - pour moins souffrir - par l'absurde.
Et il y a grand nombre de fulgurances, tout ce qui est lié au souvenir, à la magie, à sa grand-mère jeune, aux objets, aux lettres, qui le rapprochent, pour la première fois, de Wes Anderson.
Surtout, le film est à mes yeux une suite directe de Dieu seul me voit (son meilleur film). Albert Jeanjean a vieilli et s'appelle aujourd'hui Armand. Il ne sait toujours pas choisir entre les différentes femmes qu'il aime. A la fin de Deiu seul me voit, il finissait seul, faute de n'arriver à choisir entre trois femmes qui l'aimaient. Ici, elles ne sont plus que deux, son ex et son actuelle, et il aime clairement les deux, et il ne sait toujours pas quelle direction donner à sa vie, quels choix faire. Et la 3ème, c'est bien évidemment Berthe jeune, sa grand-mère, l'Anna Festival d'Adieu Berthe.
J'ai coutume de dire que, dans ses bons films, Podalydès propose une version comique du cinéma de Desplechin, Dieu seul me voit apparaissant clairement comme une version plus légère probable de Comment je me suis disputé, les problématiques soulevées étant grosso modo les mêmes.
Adieu Berthe apparait lui comme son Rois et Reine, ou le protagoniste, face au deuil, hésite et se déchire dans ses choix amoureux.
On parle de comédie chez Podalydès mais ce dernier film est pourtant atrabilaire, assez sombre, plein de poésie macabre... En tout cas très émouvant et signe que le cinéaste n'a pas dépasser la date de péremption, ce que je soupçonnais grandement après le catastrophique Bancs Publics.
FrankyFockers
8
Écrit par

Créée

le 21 juin 2012

Critique lue 1.1K fois

10 j'aime

1 commentaire

FrankyFockers

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

10
1

D'autres avis sur Adieu Berthe - L'enterrement de mémé

Adieu Berthe - L'enterrement de mémé
takeshi29
8

Fuck Astérix et gloire aux Podalydès (et à Haroun Taziouf) !

"Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté", "Radiostars" et "Populaire" en l'espace de cinq jours, de quoi se retrouver à l'image de la comédie française actuelle, en état de mort cérébrale. Afin...

le 20 mars 2013

22 j'aime

2

Adieu Berthe - L'enterrement de mémé
PatrickBraganti
8

Critique de Adieu Berthe - L'enterrement de mémé par Patrick Braganti

Juché sur sa trottinette électrique, Armand se déplace sans cesse entre la pharmacie qu'il tient avec sa femme et le domicile de sa maîtresse où il prépare le prochain anniversaire de la petite fille...

le 25 juin 2012

12 j'aime

3

Du même critique

Forever Changes
FrankyFockers
10

Critique de Forever Changes par FrankyFockers

La carrière de Love n'aura duré que de 1965 à 1970. Un bien court moment, mais qui marquera à jamais l'histoire de la musique rock et qui fera du groupe le plus grand représentant du psychédélisme...

le 24 avr. 2012

67 j'aime

10

Body Double
FrankyFockers
10

Critique de Body Double par FrankyFockers

Pourquoi ce film est-il si important dans l'histoire du cinéma moderne ? Voici une question qui mérite d'être analysée, comme il convient aussi de s'arrêter quelque peu sur le cas Brian de Palma, le...

le 23 avr. 2012

59 j'aime

4

Le Charme discret de la bourgeoisie
FrankyFockers
10

Critique de Le Charme discret de la bourgeoisie par FrankyFockers

Sorti sur les écrans en 1972, Le Charme discret de la bourgeoisie se situe en plein milieu de la période française de Bunuel, sa dernière et aussi l'une de ses plus intéressantes. L'âge n'a jamais...

le 23 janv. 2012

43 j'aime

1