Sorte de synthèse futuriste de Signes et Phénomènes, After Earth n'est pourtant pas un Shyamalan tel qu'on les attend. Mené tambour battant, dans un soucis d'action et d'effets spéciaux, il ne plaira clairement pas en tant que film de M. Night Shyamalan
La poétique du Maître est bien là, discrète: deux pistes narratives, la majeure (la mission de survie), la mineure (la mort de la soeur), s'entrelacent mais il ne résulte d'aucune d'elle un topique twist final. Ou bien est-ce la transmission d'un don que l'on voyait venir comme une issue allant de soi ? Ou bien est-ce l'absence du père surchargé par son travail ?


C'est de cette dernière observation que naît la véritable compréhension du film: After Earth traite de paternité, de rituel de passage et de transmission. D'où l'excellent choix du tandem Smith père et fils. Il ressort de leur duo je ne sais quoi de juste, de triste, de beau (d'autant que cela rend Will Smith moins cabotin et plus supportable que d'ordinaire). D'où le parallèle avec un aigle géant et ses petits.


Et si cette thématique, ce lien entre histoire folle et histoire intime ainsi que certains bon choix de photographie font réapparaître la griffe du réalisateur d'Incassable (le pouvoir que l'on porte en soi sans s'en rendre compte), du Sixième Sens (la soeur spectrale) et du Village (l'esthétique des hautes herbes commune à plusieurs autres films), cette crainte qu'il a de poser avec son calme usuel voire sa lenteur coutumière un contexte pour en faire surgir l'inattendu pour fournir du bruit, de la fureur et de l'agitation perpétuelle l'éloigne de lui-même, en fait ersatz de James Cameron ou de Roland Emmerich.


Il faut donc aller voir ce After Earth dans l'optique d'un film de science-fiction bourré d'action, un survival comme on peut parfois l'écrire qui laisse tout de même de l'espace pour une représentation de la relation père-fils.
On aurait pu attendre la révélation d'une fausse exploration de la Terre mise en scène par le père avec un équipage complice pour simuler un rituel de passage et mettre son fils infatué de lui-même en début de film à l'épreuve et l'amener à se remettre en question. Cela aurait pu justifier cette planète Terre que l'on rend si méconnaissable par la seule justification du futurisme. Mais en un sens, fait comme il l'est, le film apporte une résolution de passage à l'âge adulte assez identique, le twist en moins.

Frenhofer
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Au bout d'une heure de film ... et Manoj Nelliyattu "Night" Shyamalan

Créée

le 23 janv. 2019

Critique lue 1.1K fois

6 j'aime

2 commentaires

Frenhofer

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

6
2

D'autres avis sur After Earth

After Earth
Kokuzoku
2

Fils approche. Papa a une surprise pour toi...

- C'est quoi ? C'est quoi ? Une voiture ? - Non mieux. - Un avion ? - Non encore mieux. - Mieux qu'un avion ? Je vois pas. - Un film ! Rien que pour toi. - Aaaaaaaah !!! Un film ? J'ai le droit a un...

le 7 juin 2013

78 j'aime

6

After Earth
Dou
4

Critique de After Earth par Dou

Je ne dirai qu'une seule chose : " La peur n'est pas réelle, la peur est un choix. " Voilà ce que j'ai retenu de ce film.

Par

le 7 juin 2013

77 j'aime

24

After Earth
guyness
2

Con comme une balise

Ouf ! Je touche enfin au but, j'en ai presque fini avec les bollockbusters© de l'été. Non, parce qu'à une exception près, je redoute un peu d'écrire pour 25eme fois la même critique. L'angoisse de la...

le 9 oct. 2013

68 j'aime

18

Du même critique

Les Tontons flingueurs
Frenhofer
10

Un sacré bourre-pif!

Nous connaissons tous, même de loin, les Lautner, Audiard et leur valse de vedettes habituelles. Tout univers a sa bible, son opus ultime, inégalable. On a longtemps retenu le film fou furieux qui...

le 22 août 2014

43 j'aime

16

Full Metal Jacket
Frenhofer
5

Un excellent court-métrage noyé dans un long-métrage inutile.

Full Metal Jacket est le fils raté, à mon sens, du Dr Folamour. Si je reste très mitigé quant à ce film, c'est surtout parce qu'il est indéniablement trop long. Trop long car son début est excellent;...

le 5 déc. 2015

33 j'aime

2

Le Misanthrope
Frenhofer
10

"J'accuse les Hommes d'être bêtes et méchants, de ne pas être des Hommes tout simplement" M. Sardou

On rit avec Molière des radins, des curés, des cocus, des hypocondriaques, des pédants et l'on rit car le grand Jean-Baptiste Poquelin raille des caractères, des personnes en particulier dont on ne...

le 30 juin 2015

29 j'aime

10