Musicien à la base, Michel Munz s'est consacré à l'écriture dès le début des 90's en multipliant les épisodes de séries télévisées. C'est sur ces feuilletons qu'il rencontre son futur binôme Gérard Bitton avec qui il signera le script des trois premières Vérité si je mens ! (dont ils réaliseront le fameux prequel par la suite). Quelques années après le succès du premier volet, ils se lancent dans la réalisation d'Ah ! Si j'étais riche, film qui sera un beau petit succès (1,1 million d'entrées), en plus d'alimenter régulièrement les chaînes de la TNT.
Bitton et Munz montrent à travers leur film les problèmes inhérents à la victoire au loto, qui plus est en prenant exemple sur un gars lambda. Le personnage de Jean-Pierre Darroussin n'est peut-être pas pauvre, mais il fait partie de ces gens qui peuvent se faire virer à tout moment de leur boulot. Ou voir sa situation changer du tout au tout, ce qui finit par arriver dans son cas, loto ou pas.
Darroussin est peut-être riche désormais, mais est-il heureux ? Il essayera bien de s'en convaincre une bonne partie du film à travers quelques petits plaisirs (restaurants, vêtements, chaussures, cigares... call-girl !). Mais tout cela bien qu'agréable n'est qu'éphémère. Beaucoup de gagnants du loto ou plus généralement de jeux ont vu l'argent leur brûler les mains, au point de revenir à la case départ ou de tomber encore plus bas. Si le film ne va pas trop loin, n'évoquant pas ou si peu l'accompagnement psychologique des gagnants ; le personnage peut à tout moment basculer et les réalisateurs le font sentir par une déprime sentimentale certaine.
Aldo est marié, mais son mariage bat de l'aile au point que sa femme finit dans les bras de son nouveau patron (Richard Berry). Il est donc riche, mais avec un couple qui vacille et un emploi qu'il n'aime plus, alimenté par une course aux chiffres qui le dépasse. Dès lors, soit il continue dans le fric en solitaire, soit le changement sera drastique. Les réalisateurs opteront pour la seconde option avec une certaine malice, un peu comme sur La vérité si je mens ! (Thomas Gilou, 1997).
Darroussin est parfait pour ce genre de rôle, passant facilement de la naïveté la plus totale au sérieux paranoïaque (cf ses procédés pour que l'on ne remarque pas sa victoire), en passant par l'amoureux transi aussi bien avec Valeria Bruni Tedeschi qu'Helena Noguerra. D'ailleurs, la première ne semble pas très à l'aise, semblant au mauvais endroit, au mauvais moment. Dommage car le reste du casting tient largement la route, participant à la réussite générale du film.
Une comédie sociale jouant bien de son concept et se revoyant sans déplaisir. Après un Cactus (2005) que beaucoup semblent vouloir oublier, le duo retrouvera Darroussin pour un aussi mémorable Erreur de la banque en votre faveur (2009). Mais il s'agit d'une autre affaire de gros sous...