Adopté!

Le film Anne aux pignons verts sorti en 2010 condense les scènes des 6 premiers épisodes de la série de 1979 (jusqu'à l'adoption d’Anne). La série est elle-même tirée du roman canadien de 1907.

La petite fille rousse se retrouve, après une situation de famille difficile, privée de liberté à l'orphelinat. Elle vit donc dans son imaginaire pendant toute cette période à cause (sans doute) du règlement très strict qui y est appliqué (se lever tôt et faire son lit pour étudier puis prier, se contenter de la demi-pension des orphelinats canadiens des débuts du XX-ème siècle, réétudier, puis re-prier et ainsi de suite...). Je doute par ailleurs que les établissements accueillant les orphelins soient très sensibilisés contre le harcèlement, d'autant plus que l'héroïne se déteste elle-même pour ses cheveux roux. Anne s'évade alors totalement dans un monde qu'elle aperçoit de loin, sans pouvoir s'y rendre. C'est d'ailleurs à peu près comme ça que je me souviens de mes premiers jours dans une colonie de vacances à laquelle j'avais fortement été incité à aller étant petit. On se retrouve alors cloisonné dans un lieu quelques journées pendant les quelles on réfléchit à beaucoup de choses avant de retrouver ses libertés.

C'est lorsque ces libertés sont aperçues et en comprenant qu'elle ne serait peut-être pas adoptée à cause de l'erreur de livraison qu'elle constitue qu'Anne fait tout pour rester à la maison aux pignons verts.

Sa volonté de ne pas repartir joue malheureusement en sa défaveur puisqu'elle risque de finir dans un lieu lui-même pire que l'orphelinat (il n'y a pas beaucoup de normes parentales à l'époque). Et ça fait plein de rebondissements ! Le rythme du film permet d'apprécier toute la beauté de ce monde découvert par Anne sans s'ennuyer puisque on se demande tout au long du film comment elle va se faire adopter. Les dessins crayonnés offrent des passages époustouflants (je pense notamment au passage en carrosse sous le cerisier en fleurs), et c'est la première fois que je vois un personnage s'exprimer autant !

Par exemple, lorsque Anne est invitée à repartir en direction de la gare, le public déjà conquis par les tirades de la jeune fille n'a pas envie non plus de la voir repartir. Et on apprécie chaque instant passé dans le carrosse avant qu'elle soit ramenée (après qu'elle a longtemps boudé et fait une grève de la parole).

On découvre fidèlement l'univers canadien de l'époque, poétique et constitué de paysans très pauvres, donnant un bon aperçu des mœurs de l'époque.

L'adoption d’Anne me fait d'ailleurs penser à une Heidi qui retourne à la montagne après en avoir été privée.

Finalement Anne m'a beaucoup touché par son expressivité et son pouvoir d'évasion par la pensée que j'aimerais bien pouvoir maîtriser pour certains de mes cours. Les lignes de dialogues sont extrêmement longues (je conseille donc une version anglaise ou française à ceux qui ne souhaitent pas lire de sous-titres). Enfin, le Canada de 1907 m'a beaucoup plu et je l'ai trouvé très bien retranscrit.

La série de 1979 est d'ailleurs entièrement diffusée sur YouTube par le détenteur de la série.