Alabama Monroe c'est par essence le sujet casse-gueule qui risque d'être dégoulinant de pathos : "Comment vivre avec soi-même et vivre avec son conjoint après la mort de son enfant ?" Felix Van Groeningen y parvient en se jouant de nous. Alors est-ce un tour de force ou un tour de passe-passe ? J'ai, pour ma part, choisi de récompenser l'intelligence du réalisateur. Après tout, il n'y a pas de règle du jeu. Tout d'abord il faut souligner la présence que dégage les 2 acteurs principaux et leur justesse de jeu et souligner la qualité de la mise en scène et de la photographie. Maintenant comment Van Groeningen a-t'il fait pour tromper son monde et nous éviter la surdose de pathos ? Peut être, si vous n'avez pas encore vu le film, ne devriez vous pas le savoir. Je vais donc mettre la suite en spoiler, à vous d'y revenir plus tard, si vous le souhaitez. SPOILEr Van Groeningen utilise selon moi 3 outils principaux. Le 1er c'est de déstructurer la linéarité du récit. Raconter chronologiquement, ce récit serait plombant au possible. Par un montage intelligent, alternant les allers-retours entre les joies passées de la rencontre du couple et de leur vie familiale, et tristesse du deuil et des incompréhensions du couple, Van Groeningen nous maintient toujours et de manière équilibrée dans un sentiment doux-amer. Le 2ème c'est une photographie léchée et lumineuse. Peu de moments sont sombres, au contraire on est souvent baigné de la lumière du soleil ou du halo des projecteurs de la scène. Le 3è c'est la b.o. et ces scènes de concert qui viennent couper le récit, comme une bouffée d'oxygène où l'on peut se laisser aller à simplement apprécier la beauté de cette country et de ses chœurs. FIN DE SPOILER