En 1938, Léo Joannon est apparemment de ceux qui pensent que les trois grandes puissances d'Europe, la France, l'Allemagne et l'Angleterre, peuvent encore faire cause commune dans l'adversité. Son film et son scénario illustrent ce vœu pieux à travers une opération militaire en rade de Tanger dont les héros sont trois militaires et commandants de frégates, représentants des trois pays susdits, unissant leurs efforts contre un trafiquant bien crapuleux (Fernand Ledoux).
C'est anecdotique, symbolique, et on ne sait pas vraiment si cette Triple Entente au petit pied, orchestrée par un Pierre Fresnay tiré à quatre épingles dans son uniforme, invoque une idée pacifiste ou l'union contre un quelconque ennemi.
Le film prône la fraternisation à tous les étages du navire, chez les officiers comme chez les marins, dans un film qui loue volontiers l'excellence de la marine française, laquelle aura à subir durant les années de guerre -c'est la tragique ironie de l'Histoire- les pires avanies. En tout cas les militaires sont intègres et courageux, prêts au sacrifice pour la Nation et les civils, comme l'indique pompeusement une intrigue maritime aussi simple qu'héroïque. Et parmi ces civils, dans une brève scène incongrue, un missionnaire de retour avec deux petits garçons africains destinés au séminaire, les malheureux, rappelle ce que le cinéaste a de plus réac.