Alice au pays... de Narnia ?
Bon, c'était « l'événement-qu'il-faut-voir-en-mars-2010-au-cinéma ». En même temps, l'affiche était prometteuse : un film réalisé par Tim Burton, inspiré des deux délirants romans de Lewis Caroll, avec Johnny Depp en tête d'affiche, et le tout en 3D, on a vu pire. Mais au final, est-ce vraiment un chef-d'oeuvre ?
Déjà, il faut le savoir, Alice ne reprend ni exactement les contes d'origine, ni le film de Disney : c'est une suite, en quelque sorte. Treize ans après, la jeune Alice (Mia Wasikowska) est de retour au pays des merveilles, dévasté, tyrannisé par une reine de Coeur au visage difforme. Elle retrouve des personnages tels que le lapin blanc, le chat de Chester ou le chapelier toqué, campé par un Johnny Depp une fois de plus méconnaissable. Graphiquement, c'est un plaisir, et certains des personnages sont très drôles ou très attachants, comme le lièvre de Mars ou le chien Bayard.
Sauf que, passée la première partie du film (qui s'étale sur les 45 premières minutes à peu près), adieu le surréalisme de Lewis Caroll et du dessin animé de Disney, adieu aussi l'esprit délirant de Tim Burton, et place à un film qui pourrait s'appeler Les aventures d'Alice dans le Monde de Narnia. Une fois qu'on a fait le tour des personnages-clé du conte, on plonge dans un récit d'aventures classique, avec un royaume dirigé par un tyran que le gentil monarque (en l'occurrence la reine blanche) veut reconquérir, un personnage élu qui peut changer le cours des choses, des gentils qui se font capturer, et un combat final à la « David contre Goliath ». Et pour pousser la ressemblance, dans Alice comme dans Narnia il y a des animaux qui parlent, une Angleterre d'un ancien temps, et une reine blanche (la gentille dans le premier, la méchante dans le second).
Du coup, l'histoire perd un peu son côté « gros trip au LSD »... au point qu'à la sortie du film, je me suis rué sur le dessin animé de Disney, que je n'avais pas vu de longtemps, pour vérifier que mon imagination ne me jouait pas des tours, et qu'il y avait bien un nombre considérable de personnages passés sous silence ou presque (le Morse, les fleurs qui chantent qui ne font qu'une brève apparition), là où d'autres, très épiques, apparaissent.
Au final, comme je n'aime pas donner d'avis péremptoire, voici mon conseil : le film risque fort de vous plaire si vous n'aviez pas trop aimé le dessin-animé de Disney, et si vous avez aimé Le Monde de Narnia, Eragon ou le Seigneur des Anneaux (et ce n'est pas vraiment mon cas, ce qui explique mon avis mitigé), puisqu'au final on est plus proche du film d'aventures épique et fantastique que du délire surréaliste de Lewis Caroll. A vous donc d'aller voir le film pour vous faire une idée, d'autant que le graphisme et la 3D sont très agréables.