Excellenet série B

Inédit chez nous pour je ne sais quelles raisons et sorti directement en DVD aux States, Alien Raiders est pourtant l’exemple même de ce à quoi devrait ressembler un film d’action / SF à petit budget. Aux antipodes des productions SyFy et autres The Asylum avec leurs CGI cheap, le film se paie même le luxe de narguer les réalisateurs hollywoodiens qui veulent à tout prix mettre en images de grosses méchantes bébêtes mais qui ont oublié en route comment créer un climax tendu. Car sous ce titre sacrément nul à chier, il faut avouer que ça a dû rebuter pas mal de monde, se cache en fait un huis-clos ultra stressant se déroulant presque en temps réel, ayant obtenu plusieurs prix dans divers festivals de films fantastiques. Oui mesdames et messieurs, Alien Raiders est ce qu’on appelle une excellente surprise !

Alien Raiders fait partie d’une série de six films horrifiques à petit budget commandés par la Warner à la petite boite Raw Feed et destinés au marché DVD. Ce projet est dirigé par Daniel Myrick, Tony Krantz et John Shiban qu’on retrouve aux postes de producteurs ou scénaristes de séries telles que X-Files ou Supernatural. On y retrouve les films Rest Stop (2006) et sa suite Rest Stop : Don’t Look Back (2008), Sublime (2007), Believers (2007), Otis (2008) et donc le Alien Raiders qui nous intéresse ici. Il s’agit de la première réalisation de Ben Rock, directeur artistique sur le Projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez, et malgré le très faible budget de 2M de dollars, force est de constater qu’on est dans de la série B très efficace. Tout petit budget donc mais Ben Rock va se montrer très intelligent et utiliser tout un tas de stratagèmes afin que cela ne se voie à aucun moment.
Le film commence comme un braquage de supermarché tout ce qu’il y a de plus classique mais rapidement, on sent bien que ce n’est pas le cas. Qui sont ces braqueurs ? Que font-ils là ? Le côté « incompréhension » est très présent et surtout très plaisant. Le scénario ne fournit que le strict minimum d’informations et celles-ci sont distillées au compte goutte tout le long du film. On se rend compte rapidement qu’ils ne viennent pas braquer mais qu’ils cherchent quelqu’un… ou quelque chose. Et sur ce point là, Alien Raiders fait très fort.

Si on enlève les dernières minutes du film, on ne voit à aucun moment la forme extra-terrestre, on sait qu’elle est là, mais elle n’apparait jamais à l’écran. Et ce procédé permet au film d’être tout de suite inquiétant et stressant. C’est d’ailleurs une de ses grandes forces, arriver à attirer l’attention du début à la fin avec de « l’invisible ». La paranoïa est créée par l’impossibilité de savoir si les personnes qui entourent les protagonistes sont contaminées ou non, avec cette absence totale d’échappatoire qui les condamnent à rester là où ils sont. Alien Raiders emprunte d’ailleurs pas mal à des films tels que Hidden (1987) de Jack Sholder et surtout à The Thing (1982) de John Carpenter, plus particulièrement la scène du test de contamination qui est similaire (même si moins tendue que dans le film du Master).
Le rythme du film est bon et ne faiblit à aucun moment. Pas de chichi, pas de fioriture, il va à l’essentiel afin de ne jamais tomber dans les travers de l’explication à outrance, le tout avec une mise en scène classique mais réellement efficace. Le réalisateur prend un malin plaisir à jouer avec les ombres et les lumières, à alterner entre un filming traditionel et une caméra embarquée (les « braqueurs » filment tout ce qu’ils font). Le résultat à l’écran reste lisible malgré le montage assez cut, d’autant que rien n’est gâché par des CGI foireux puisqu’il n’y en a pas. Tout est à l’ancienne : maquillages, marionnettes, animatronics,… Et une fois de plus, grand bien lui en a pris !
Alors, nous ne sommes pas à l’abri de quelques réactions débiles de certains personnages qui veulent jouer les héros dans des situations où ils ne devraient pas, de quelques clichés également. Mais tout cela est compensé par un casting très convaincant, composé de pas mal d’acteurs de séries, qui se donne à fond et qui aide à la tension omniprésente. Seule vraie ombre au tableau, la fin du film. Elle n’est pas mauvaise en soi, mais on la voit tellement venir à des kilomètres que l’ensemble, si bon soit-il, se retrouve un peu « gâché » (notez les guillemets)…

Alien Raiders est une excellente série B comme on aimerait en voir plus souvent. Avec le nombre de DTV qui sortent tous les mois chez nous, j’avoue ne pas comprendre pourquoi nos éditeurs ne se sont jamais penchés dessus jusque-là.

Critique avec images et trailer : ICI