Alienator
3.7
Alienator

Film de Fred Olen Ray (1990)

Ce n'est pas une surprise, rien ne va dans Alienator. Son titre, déjà, laissait présager du pire pour la suite des évènements : mélange, à première vue, entre Alien et Terminator/Predator, il vire au mauvais plagiat de Star Wars, grotesque et sans le sou, incroyable de pauvreté visuelle, scénaristique et artistique, au point qu'on se demandera, finalement, comment l'on peut se satisfaire de laisser un tel résultat inachevé.


Des plus idiots, il marque surtout par son absence de débrouillardise : renseignez-vous sur le maquillage du prisonnier libéré pour comprendre à quel point l'oeuvre ne sait pas ruser pour convaincre, se contentant de balancer un maquillage gris-noir sur la gueule d'un acteur perdu pour faire croire qu'il vient de l'espace, et d'une autre galaxy. Qu'il parle anglais n'a en fin de compte que peu d'importance, aux vues de l'absence de logique du tout.


Long pour nous le présenter, il n'évite, bien évidemment, aucun cliché des films de prisonniers, tombant dans un genre de sous Etoile de la Mort fauchée, avec un incroyable décolleté, et une absence de design des costumes désarçonnante. Seul notre alien fraîchement échappé, qui utilisera l'unique effet spécial pas trop mal élaborré (des limaces qui s'incrustent dans la peau d'un pauvre prisonnier), portera une tenue de l'espace qui fera penser au désastreux costume de Didier Bourdon dans l'horrible L'extra-terrestre.


Arrivé sur Terre, ce premier héros (qui deviendra, à n'y rien comprendre, le grand méchant des dix dernières minutes, avant de s'éclipser de manière ridicule du scénario) nous laisse en pâture au reste de l'intrigue, et des personnages. Littéralement tous plus idiots les uns que les autres, les protagonistes restant se livreront, visiblement, un concours pour décerner, au vainqueur à l'issu, la coupe de l'acteur le moins naturel et de la personnalité la plus stupide.


Si l'on notera l'amusante présence au doublage d'un Patrick Poivey (voix officielle de Bruce Willis) décomplexé, bordélique et partant dans tous les sens, le reste des doubleurs, bien moins professionnel, convaincra sans problème les amateurs à la recherche de nanars savoureux, Alienator s'inscrivant clairement dans les bonnes catastrophes du sous-genre.


Cependant perdu dans son rythme, il manque d'intensité et de folie, lent sur les vingt minutes de l'arrivée du prisonnier alien sur Terre, jusqu'à ce que survienne la véritable menace du film, l'Alienator, sorte de femme body-buildeuse au costume proprement hallucinant, qui mélange, en partant loin, la tenue cybord du Terminator, avec le principe de chasseur du Predator.


C'est surement pour cela que le film, dont le héros est un alien, a décidé de se renommer comme cela; l'arnaque n'est pas des plus répugnantes si l'on analyse ce qu'elle contient, les éléments présentés en promotion étant tous présents. Certes affreux, ce mélange de Terminator et de Predator transmet au spectateur d'immenses barres de rire, autant pour le sérieux dont faire preuve l'actrice que pour son costume des plus originaux, au soutien-gorge en armure que n'aurait pas refusé Robert Rodriguez pour un nouvel hommage au cinéma Grindhouse.


L'on passera sur le retournement de situation final précédemment évoqué, où le héros deviendra méchant quand l'Alienator, pourtant multi-meurtrière, prendra le rôle de la gentille en rétablissant l'ordre des choses. Ne réfléchissons pas non plus sur la révélation finale, que l'autre taré mal maquillé était le fils d'un personnage secondaire aussi marquant qu'un figurant, le tout élevé rayon nanar fendard par un combat d'un seul sabre-laser mythique, où l'on comprend qu'il n'y a, au final, aucun gentil dans ces hommes de l'espace.


Comment avoir de l'empathie pour un seul des personnages, si tous les aliens sont des méchants (bien que visuellement humains) et que tous les humains sont à ce point stupides qu'on pourrait, dans notre monde, les considérer eux-mêmes comme des aliens? Voilà le grand paradoxe d'Alienator, film plus intelligent qu'il n'y paraît, qui pose une véritable question existentielle sur comment faire un bon personnage au sein d'une bonne intrigue, pour les mêler à un bon jeu d'acteur, saupoudré d'une bonne mise en scène.


Mais étant donné qu'il est incapable de réunir tous ces éléments, surement qu'il n'est qu'horreur filmique, et que je vais chercher trop loin pour essayer de lui trouver au moins une qualité. Un poil long, mais il est reste hilarant pour une soirée entre potes entre chips, bières et pizza, tout ce qu'il faut pour se mettre le bide à mal avant de se fusiller les neurones devant cette oeuvre complètement incohérente, bordélique et profondément laide.

FloBerne

Écrit par

Critique lue 240 fois

2

D'autres avis sur Alienator

Alienator
FloBerne
1

Feminisator

Ce n'est pas une surprise, rien ne va dans Alienator. Son titre, déjà, laissait présager du pire pour la suite des évènements : mélange, à première vue, entre Alien et Terminator/Predator, il vire au...

le 4 août 2019

2 j'aime

Alienator
IncredulosVultus
6

Et surtout à travers

Des choses gentilles à dire sur ce film : Alienator est, déjà, un beau titre aussi poétique que putassier dont Fred Olen Ray a le secret. Mais bon, c’est surtout un film de Fred Olen Ray. Ce qui veut...

le 26 janv. 2023

Alienator
RENGER
1

SérieZ avec un chasseur de prime grimé en travelo de l’espace (bikini en inox & chevelure peroxydée)

Mais pourquoi Jan-Michael Vincent est-il venu se fourvoyer dans cette merde ?! Celui qui interprétait le rôle principal de l’une des plus célèbres séries télévisées des années 80 (Supercopter -...

le 14 avr. 2020

Du même critique

Les 4 Fantastiques
FloBerne
2

Des fois c'est dur d'être un geek... Putain mais quelle purge !!

Dans le ptit bled paumé où je passe le clair de mes vacances s'est proposée une expérience pas commune : voir le film "Les 4 Fantastiques" en avant première. Nourri d'espoirs et d'ambitions, je me...

le 4 août 2015

35 j'aime

42

Marvel's The Punisher
FloBerne
8

Miracle et drama

Saison 1 : 9/10. Au cinéma, nombre de personnages se sont fait massacrés pendant des décennies, sans vergogne ou une once de progrès. Les comics aussi ont été touchés par cette mode de la destruction...

le 13 déc. 2017

34 j'aime

4