Alita : Battle Angel est l'adaptation condensée des premiers chapitres du manga Gunnm (appelé aussi Ganmu ou Battle Angel Alita). Et bien que pondue par Robert Rodriguez et tout public, ce qui fait qu'on s'attendait à du Spy Kids tout pourri, on se rappelle vite que ce dernier réalisateur a aussi fait Machette et a été secondé par James Cameron. Ce qui donne d'excellentes surprises.


Mais je vais commencer rapidement par les points négatifs, heureusement mineurs :



Les points faibles d'Alita :




  • Au lieu du gore violent et du cyberpunk bien sale de Gunnm, on a
    droit à du PG13 (interdit au moins de 13 ans), ce qui fait qu'on a
    quelques moments édulcorés par rapport aux mangas
    (avec des robots au
    sang bleu pour rendre ça moins grave), mais heureusement pas trop
    puisque le côté aventure épique combattante est bien conservé (voir
    les poinst positifs).

  • La VF a fait un peu le tort de conserver les versions américaines des noms, alors qu'on était habitué aux noms originaux. Si on garde
    les noms Vector, Hugo, Desty Nova et même Zapan, on a aussi droit à
    Alita au lieu de Gally, Grewishka au lieu de Makaku et enfin
    Dyson Ido au lieu de Daisuke Ido.

  • Même la Décharge Kuzutetsu a gardé son nom américain (Iron City, ce
    qui est normal puisque testu signifie "fer" en japonais).
    D'ailleurs, elle ne ressemble pas à un cauchemar urbain de type
    bidonville, mais plus à une ville en voie de développement
    : dans
    le manga original, les gens crèvent la dalle, s'entretue, sont
    hyper-endettés et à demi-cyborg à cause de l'insécurité. Mais dans
    le film, les gens ont plutôt l'air contents
    et s’accommodent bien
    de la situation, c'est juste qu'il y a quelque chose de pourri dans
    la Ville de Fer
    ...

  • Le moment le plus stupide du film est celui où Gally va se battre
    contre Grewishka/Makaku, puisqu'au lieu de révéler les origines
    tragiques de ce dernier, il se contente de dire qu'il vit dans le
    monde du dessous du dessous du monde du dessus du monde (oui, y a
    beaucoup trop de monde dans cette réplique).


Et on a même le droit à une Chiren ex-femme de Ido, et les deux ont eu une enfant décédée jeune. Bizarre, ça devait être dans Gunnm: Other Stories, car je ne me souviens pas de ça. Et exit Gally et les buveurs du bar Kansas City chantant Big Generator (mais bon, ça c'était dans le tome 5 ou 6).


Et on nous fait aussi croire que Desty Nova était déjà l'ennemi de l'organisation Panzer Kunst du temps où Gally était Yoko. Et enfin : le film se termine un peu trop tôt, car ça se termine sur Alita de retour au Motorball, espérant gagner le prix pour grimer légalement à Zalem et visant Desty Nova symboliquement de son épée de Damas chauffée au plasma.



  • Alors, je sais qu'on ne peut pas facilement adapter tous les tomes 1
    à 9 de Gunnm en un seul film, puisqu'il y a au moins deux-trois
    intrigues importantes par manga, mais je m'attendais à ce que
    l'intrigue aille plus loin. Ce film ressemble plus à un remake de l'OAV Gunnm. Là, j'ai peur qu'une éventuelle suite
    ne soit éternellement remise à plus tard comme pour Avatar 2.



La puissance de Gally



Mais heureusement, on arrive à avoir l'essentiel des intrigues des mangas 1 à 3 surtout (ceux édités en France) suffisamment bien mélangés pour donner une intrigue respectueuse du produit originale et même temps différente et cohérente.


Il y a bien le côté émerveillement et épique qu'on retrouve aussi dans les mangas et des références à Last Order et Mars Chronicles, puisque Alita a des flashbacks sur l'organisation Panzer Kunst et qu'il y a des références à l'Union des Républiques Martiennes.


C'est d'ailleurs dans un vaisseau martien que Alita récupère le corps de Berseker qu'elle utilise plus tard contre Grewishka/Makaku.


Et malgré l'édulcoration, il y a bien suffisamment de violence pour contenter les fans de Gunnm : on bien des décapitations, des corps mutilés, des cervelles à l'air et même des humains coupés en deux.


Et même si Desty Nova apparaît un peu tôt par rapport aux mangas, ses interactions avec Vector et la Décharge sont assez cohérents, tout comme le reste de l'adaptation des intrigues.


Certains fans auraient pu trouver que le Motorball était de trop dans tout Gunnm, Robert Rodriguez en a donc fait un moyen d'ascension sociale dans le film : l'évènement sportif permet au gagnant d'aller à Zalem. Dans le manga, Gally y allait après la mort de Yugo pour l'oublier. Ici, elle y va avant pour l'aider à Zalem, et y retourne afin de se venger plus tard de Desty Nova. Bien sûr, Vector fait aller les gagnants et ses sbires à Zalem sous forme de bidoche, comme dans le manga.


Zapan est aussi le personnage qui est assez bien respecté dans le manga à deux-trois éléments près, et une partie de son intrigue est relié au Motorball (de peu, mais quand même). Le Motorball est certes introduit que rapidement, mais on appréciera l'effort de Rodriguez.


Enfin, Alita, bien qu'un peu ridicule/immature au début, finit rapidement par devenir une des plus grandes combattantes de l'univers, même coupée en morceaux comme dans Gunnm. Même ses gros yeux ne sont pas un défaut dans ce film (on s'y fait vite).


Car bien que cyborg et détruisant tout ses adversaires, elle apporte un semblant d'humanité dans tout ce dépotoir qu'est devenue la Terre, dirigée par des profiteurs comme Vector ou des malades se croyant supérieurs comme Zalem et Desty Nova. On a envie de voir comme James Cameron et Rodriguez vont adapter les mangas 4 à 9 par la suite.


Enfin, comme disait Hugo au sujet de Gally :



Tu es la personne la plus humaine que je connaisse.



Edit : Bien que le film adapte l'OAV plus ou moins, j'ai préféré la version de Cameron. Car même édulcoré, le film paraissant plus vivant et passionné que l'adaptation "fidèle" (donc avec du sang et de la bidoche) mais sans tonus de l'OAV.

darevenin
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le 22 févr. 2019

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darevenin

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