"What you've just said... Is one of the most insanely idiotic things I have ever heard. At no point, in your rambling, incoherent response, were you even close to anything that could be considered a rational thought. Everyone in this room is now dumber for having listened to it. I award you no points, and may God have mercy on your soul."
James Downey dans Billy Madison
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Dès le milieu des années 90, James Cameron affiche son amour pour le manga et l'animé, faisant publiquement la promotion de Ghost in the Shell alors qu'on lui avait rien demandé, et confirmant dans de multiples interviews qu'il aimait Patlabor et Gunnm. Sauf qu'en bon Canadien victime de traducteurs peu scrupuleux, il l'appelait "Battle Angel" et Gally... "Alita", mais quand même, en replaçant dans le contexte c'est très courageux de sa part.
En effet à cette époque, les dessins animés japonais sont considérés comme paresseux, violents et sans une once d'intérêt, autre que commercial. Faut être le dernier des geeks marginaux pour y trouver une valeur artistique...


Les années passent et l'animé s'installe durablement dans le cœur d'une communauté de plus en plus large. Des gens comme Miyazaki, Takahata, Makoto Shinkai et plus tard Mamoru Hosoda et Keiichi Hara s'affirment comme de véritables auteurs d'un cinéma léché et poétique... Patlabor et Evangelion ne sont plus regardés de travers et Hollywood va évidemment chercher à exploiter le filon. Voire le piller sans vergogne, avec plus ou moins de bonheur.
Pour un Pacific Rim mignon et déférent, on a trois infects Matrix, sans parler des adaptations "Officielles" comme justement l'insipide Ghost in the Shell. Du coup, la moindre annonce d'adaptation Hollywoodienne est à craindre comme épidémie de gastro-entérite.


Retour sur James Cameron, qui dans sa carrière ne semble jamais se tromper, faisant de ses deux derniers long-métrages les plus grands succès de tous les temps, et même quand il ne rencontre pas le succès, il produit le fleuron de la SF Moderne ( Strange Days ). Le voilà qui annonce qu'il a acheté les droits de Gunnm pour le porter sur grand écran. Les fans respirent : au moins c'est pas un connard qui va saloper leur œuvre fétiche.


À mois que..?


On a tous encore le souvenir du moment où il a inexplicablement dit du bien de Terminator Genisys qui était pourtant un bon gros crachat dans la gueule. Il a sans sans doute été grassement payé par la prod... Et la co-scénariste de cette merde n'est autre que Laeta Kalogridis, productrice executive d'Avatar et retenue comme co-scénariste pour Battle Angel Alita qui sera rebaptisé "Alita : Battle Angel" car James Cameron ne fait que des films en T ou en A... Ce qui n'est même pas grave car, trop occupé qu'il est à donner suite à Avatar, James va confier le siège de réalisateur à Robert Rodriguez.


Le travail d'adaptation est tout simplement catastrophique. Non content de changer les noms de la plupart des gens, ( En plus de Gally qui devient Alita, Daisuke devient Dyson, Yugo devient Hugo... ) James et Laeta ont décidé de prendre les éléments phares des quatre premiers volumes et de les passer au shaker pour faire une intrigue linéaire et aux ramifications complexes et entremêlées...
Terrible erreur. Le caractère épisodique du manga n'omet jamais de laisser une continuité dans la psychologie de Gally à travers sa quête d'identité. En mélangeant tout sans intelligence, Alita n'a d'autre motivation pour explorer qui elle est que "Ça a l'air sympa".
Devenir Hunter-Killer ? Ça a l'air sympa. Tomber amoureuse ? Ça a l'air sympa. Devenir Reine du Motorball ? Ça a l'air sympa.
D'une manière générale, tout est sympa dans ce film. Même la vie dans la décharge ( "Iron City" pour faire plus sympa... ) est cool, y'a à manger pour tour le monde, un guitariste-cyborg qui met l'ambiance... La seule fois où on voit du sang, c'est un chien tué hors-champ qui le fournit...
Comment voulez-vous retrouver la noirceur humaine et la décrépitude, dans ses conditions ?


Gally est une arme mortelle qui cherche a dépasser sa condition et affronte ses démons en se dépassant elle-même. Alita est une petite pouf qui débite des punch-lines miséreuses et s'énerve pour rien. Et elle a des grands yeux monstrueux qui ne semblent déranger personne.
La transposition graphique des yeux de manga est d'ailleurs la pire connerie que j'ai pu voir en matière d'adaptation. Sous réserve que les mangas ont de grands yeux depuis Osamu Tezuka, il a été décidé qu'Alita aurait des grands yeux... Ok mais alors où est le long menton et le nez tout rond de Daisuke ? Où est la tête ronde de Yugo ? Pourquoi Alita est la seule ( ou presque ) à subir ce traitement ?!


Quand Warren Beatty a adapté Dick Tracy il a tenté un truc équivalent : les méchants du film avaient tous des têtes difformes de BD. Seuls Warren, Madonna et le gamin conservaient des traits humains, pour que le spectateur puisse s'accrocher à eux. Une proposition graphique assez forte et unique, qui allait dans le sens du film...
Là c'est un peu comme si Warren avait décidé que seul lui aurait une tête maquillée avec une mâchoire carrée et que le reste du monde serait les Al Pacino et Dustin Hoffman que l'on connait !


C'est ridicule, distrayant et à part le défi technologique ne sert aucune cause...


Alita Battle Angel est l'équivalent cinématographique d'une pizza qui serait servie dans un saladier où l'on a mis de la farine, un peu de sel, de l'eau, deux tomates et une boule de mozarrella... Au micro-ondes. Les ingrédients sont bien là, mais c'est immangeable.


Et même en laissant de côté Gunnm, Alita Battle Angel est mal foutu, au découpage incertain et au montage et foireux ( y'a par exemple une scène vers le début où Alita donne un morceau de sandwich à un chien errant, puis elle ramasse le chien à deux mains et son sandwich n'est nulle part en vue. Genre elle l'a laissé tomber, tellement y'a de la bouffe gratuite et du chocolat à Iron City, la ville la plus sympa du monde. )


( Plus tard, Alita quitte la piste de Motorball et fait route vers la vieille église en roulant avec ses pieds-roues... Mais au détour d'une ellipse incompréhensible elle se retrouve avec des pieds normaux au moment d'affronter Zapan... )


Robert Rodriguez aime à semer la confusion pour mettre en scène la fulgurance des combats, que ce soit dans un bar ou sur la piste du Motorball. Les seuls moments de clarté sont ceux où il abuse du ralenti... Une mise en image hoquetante tout au long du métrage.
Non content de ça, les effets spéciaux sont à moitié pétés. Alors OK, le rendu du visage d'Alita est exemplaire ( si on oublie cinq minutes que c'est une grosse connerie ) mais par exemple la texture des métaux est carrément aux fraises ! Y'a certains rendus qui se font humilier par le Lost in Space de 1998 ! Invraisemblable !


J'ai perdu 4/10 à ma vue et 30 points de QI à regarder ce film...


Pour l'instant, une suite n'est pas annoncée, Dieu merci. Robert Rodriguez devrait retourner à ce qu'il sait faire de mieux : Machete Kills again...In Space mais quelle sera la prochaine victime de Laeta Kalogridis ?... Sword Art Online. Tremblez, pauvres colons !

mikeopuvty
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le 24 févr. 2019

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Mike Öpuvty

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