J'ai découvert ce film l'été dernier, lorsque j'ai fait quelques expérimentations cinématographiques, voyant mes premiers John Waters par exemple. C'est cela qui m'a mené à consulter la filmo de Mink Stole, actrice habituée de ce réalisateur, me demandant ce que cette femme jouant dans des films aussi barges avait pu devenir, s'il y a une carrière après Waters.
C'est ainsi que j'ai fait connaissance avec All about evil, dont les autres noms au casting m'ont grandement enchanté : Natasha Lyonne (qui joue mon perso préféré dans les American pie), Thomas Dekker (Laid to rest, Chéri j'ai rétréci les gosses, Kaboom), et Cassandra Peterson aka Elvira.
Ca me donnait déjà amplement envie de voir le film, de plus l'idée de base indiquée par le slogan "people are dying to get into this movie" me plaisait, et le jeu du mot du titre, du même genre que d'autres dont regorge le film lui-même, m'intriguait.
Quand deux mois après j'ai vu "Elvira maîtresse des ténèbres", c'était devenu indispensable de voir All about evil.
Je trépignais d'impatience, j'attendais n'importe quelle façon de voir ce film, en torrent ou dans un festival. Avec l'arrivée du PIFFF, je rêvais d'une projection, avec pourquoi pas Elvira en guest (on peut toujours rêver).
Au festival de Cannes 2012, il y avait bien un stand promouvant All about evil, mais la responsable était une bitch et il n'y avait aucune projection.
Encore maintenant, toujours aucun moyen de téléchargement n'est trouvable via google. Du coup il y a quelques jours, j'étais surpris d'apprendre que... le DVD était déjà sorti !
J'ai donc pu me débrouiller pour me le procurer (le film, je précise).

Avec l’histoire de Deborah, une jeune femme qui hérite d’une petite salle de cinéma qu’elle essaye de faire survivre comme elle peut, en continuant de projeter des films d’horreur d’antan pour faire honneur à feu son père, on peut deviner une certaine nostalgie du réalisateur pour les cinémas de quartier et les films qu’ils diffusaient pour trois fois rien, lors de "matinees".
C’est confirmé dès le générique, où les noms des acteurs sont collés par-dessus des affiches rétros de séries B cultes ou de films connus pour leur nullité, et ça fait plaisir à voir. Peu importe la qualité de l’œuvre, la sélection semble axée sur la beauté des visuels.
Le personnage joué par Dekker a dans sa chambre des posters que moi-même je cherchais à acheter pour chez-moi : l’affiche française de Le cauchemar de Dracula, celui italien du Masque du démon, … On reconnaît aussi une affiche d’Elvira, et c’est hilarant de voir Cassandra Peterson débarquer dans la pièce, interprétant la mère de Dekker.
Dans les films projetés au Victoria, le cinéma au centre de l’intrigue, on peut voir Blood feast, Day of the triffids, The brain that wouldn’t die, …

J’ai déchanté dès le début du film, dès la première scène post-générique en fait.
C’est affreusement mal joué. C’est d’autant plus surprenant que les acteurs sont connus et jouent habituellement bien (Lyonne, Stole, et Dekker), et que je n’ai l’habitude de voir un jeu aussi mauvais que dans des petites productions cheaps, alors que All about evil était d’une apparente classe.
J’ai cru au départ que c’était fait exprès, que quand Debbie, jouée par Lyonne, pleure, elle faisait semblant. Non, pas du tout. Tout les acteurs ont un air contrit, on dirait qu’ils sont dans un état de gêné prolongé… c’est très bizarre, et il est difficile de dire ce qui ne va pas au juste.
Lyonne et Dekker me sont apparus lors des premières scènes comme des gamins timides dans des corps d’adultes, limite attardés.
En fait non, en tout cas ils ne sont pas ainsi dans le reste du film.
Je n’ai d’ailleurs pas du tout compris le personnage de Deborah : elle apparaît comme faible et débile au début, ensuite elle se montre presque méchante, assez dominatrice. Par moments seulement, elle se montre également froide avec les autres. Et ça ne correspond même pas à une évolution de Deborah, le personnage manque juste de constance.
Toujours concernant ces personnages, Thomas Dekker joue encore un ado, à 23 ans, par contre Natasha Lyonne, qui n’a en réalité que 8 ans de plus que lui, joue un personnage qui aurait 30-40 ans.
Heureusement, il n’y a pas de problèmes de jeu aussi grands par la suite.
A croire que les défauts les plus graves se sont accumulés au début. On a carrément des bruits de micros causés par le souffle d’un acteur !

Une fois qu’on est dans le film, les références au cinéma passent par des références tout à fait gratuites : on sent que le "oh god mother, blood, blood !" est introduit de façon forcée au milieu des répliques, juste pour faire allusion à Psychose.
Il n’y a que la blague d’une des spectatrices, qui se dit être une vraie "gore gore girl", qui passe, étant donné qu’on imaginerait bien quelqu’un s’amuser à dire ça.
Si le réalisateur et scénariste Joshua Grannell semble avoir une assez bonne culture du cinéma horrifique, ses connaissances en électricité par exemple laissent à désirer, au vu de ce personnage qui dégage quelqu’un se faisant électrocuter, sans être affecté lui-même par le courant. Et surtout, c’est la logique qui fait défaut au réalisateur.
Il n’y a pas de logique dans le fait que Dekker marche dans une flaque de sang, le nez en l’air, sans voir le cadavre à ses pieds.
Il n’y a aucun sens dans le fait qu’après avoir poignardé sa victime qu’une seule fois, Deborah soit recouverte de tant d’éclaboussures de sang.
Aucun sens non plus dans le fait qu’un bouton de la salle de projection du cinéma fasse voir au public les vidéos de la caméra de surveillance, mais je trouvais l’idée derrière sympa : sans le savoir, les spectateurs voient un vrai meurtre qui vient d’être commis, croyant que c’est une mise en scène.
Enfin, j’aimais bien juste ça.
Car la suite des évènements est complètement débile. Deborah, voyant le succès de son "film amateur" (je sais même pas pourquoi tout le monde s’excite devant un meurtre filmé en noir et blanc, de loin, dans le dos de la tueuse), décide de continuer en projetant dans le cinéma les meurtres de ses clients !
Deborah filme alors son oeuvre avec une petite caméra à l’épaule, ce qui est d’un intérêt nul pour des spectateurs qui ne savent pas que c’est du snuff et qui croient que c’est de la fiction.
Enfin, les films de Deborah ont quand même l’aspect de la fiction car, je ne sais trop comment, avec une seule caméra, il y a quand même des plans alternés au montage.
Il y a aussi le fait que ses "comédiens" aient beau être des victimes réelles, leur comportement est aussi fake que celui d’un acteur de Z, leurs déplacements et mouvements étant très exagérés, et nullement réalistes. J’ai pas trop compris pourquoi cette femme, poursuivie par un tueur avec une hache, se colle contre un mur en regardant des deux côtés de façon très théâtrale, plutôt que de fuir du côté où il n’y a pas de mur (ça me semble logique) ou d’essayer d’ouvrir la porte à proximité.
Et, comme dans une mauvaise fiction horrifique, il y a des clichés. Bah tiens, la veste de la victime part d’un coup quand on essaye de la retenir, et elle n’avait pas de soutien-gorge en dessous, juste un bustier ne couvrant pas ses seins.
Le plus ridicule, c’est la réception des spectateurs. Oui, car nous assistons aussi à la projection des films de Deborah, et la réaction du public. Tout le monde est enthousiaste, ils crient, ils applaudissent. A écouter le personnage de Dekker, on dirait qu’il a vu le futur du cinéma d’horreur, il ne se retient plus.
Ce qui est très drôle en plus de ça, c’est quand il dit que ce qui est si bien avec les films de Deborah, c’est que ça fait réaliste, qu’on ne dirait pas que les comédiens jouent.
Certes, à les voir, moi je n’appelle pas ça jouer…
Fail de la part de Joshua Grannell, non seulement ce qu’il a réalisé comme film dans le film ne correspond pas à la description élogieuse qu’en font les personnages d’All about evil, mais en plus, du coup, voilà qu’apparaît dans le propos une prétention qui n’aurait pas été là si les choses avaient été faites correctement.

J’ai fini pas sérieusement m’ennuyer, et j’ai fini la dernière demie-heure en sautant des passages.
Ce que je retiens de bien d’All about evil :
-On a la preuve que Cassandra Peterson sait bien jouer, même en dehors de son rôle comique habituel.
-(spoiler) L’idée du corps décapité qui tombe sur quelqu’un d’autre, dont la tête rentre dans le cou du cadavre.
-Il y a pas mal de goths, dont une topless.
-Le générique de début m’a refait penser à l’existence du film Torture dungeon, que j’ai soudainement eu très envie de voir, et que j’ai mis 3 plombes à trouver, tandis qu’All about evil était mis en pause. Une recherche infructueuse d’une fiche du film sur SC m’a aussi fait découvrir la série Joy of torture !

Vraiment grosse déception que ce All about evil. Il était pourtant si prometteur…
Il y a un beau casting, il y a des moyens, et c’est ça qui est bizarre au final, car je me demande comment le réalisateur a pu réunir cela et convaincre des gens à joindre le projet en manquant d’idées cohérentes.

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le 6 août 2012

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Wykydtron IV

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