All of You, la nouvelle bluette pseudo-futuriste d'Apple TV+, confirme l'adage qu'il est absolument futile d'injecter une prémisse de science-fiction – en l'occurrence, un test qui trouve votre "âme sœur" garantie sans défaut – à un drame romantique aussi tiède que prévisible. Le concept, déjà éculé dans une série oubliable, sert ici de simple prétexte scénaristique pour forcer l'audience à compatir au destin de deux amis, Simon et Laura, qui auraient dû, à l'évidence, se sauter dessus depuis la faculté, mais qui ont préféré s'infliger des années de non-dits et de regards langoureux dans des pubs anglais sinistres.
L'alchimie entre Brett Goldstein et Imogen Poots, bien que palpable, ne parvient jamais à élever le récit au-delà du simple caprice d'adultes aisés qui s'ennuient ferme. L'enjeu narratif est si mince qu'il se résume à une question existentielle de l'ère moderne : doit-on se contenter d'un amour "garanti" par un algorithme ou choisir le chaos délicieux de l'infidélité avec son meilleur ami ? La réponse du film n'est qu'une longue et laborieuse justification de l'égoïsme, déguisée en odyssée de la passion. On en ressort avec une seule certitude : en matière de romance, même le futur a un goût de déjà-vu, le charme en moins.
Ce qui irrite le plus dans cette œuvre, c'est cette propension à prendre ses propres atermoiements pour une profondeur philosophique. Le film saute dans le temps avec une désinvolture qui frise l'impolitesse, nous demandant d'accepter des bonds de plusieurs années sans même l'ombre d'une évolution significative des personnages, qui semblent figés dans leur indécision chronique.
Le personnage de Simon, censé être torturé par son amour non réciproque, est plus pathétique que touchant, se complaisant dans un rôle de victime mélancolique pendant que Laura, dans un exploit de contorsion morale, tente de concilier la stabilité "scientifique" de son mariage et son besoin d'une étincelle interdite.
Pour résumer, la seule chose que ce film réussit à prouver, avec une lucidité désarmante, c'est que l'homme est le seul animal capable de s'accrocher à l'idée d'une relation parfaite, même face à l'évidence d'une vie plus compliquée mais authentique. On pourrait presque y voir une satire grinçante sur la superficialité de la recherche du partenaire idéal via application, si le film n'avait pas l'air d'y croire si sincèrement.
Bref, une heure trente-huit de dilemmes de premiers-mondains, qui feront verser des larmes à ceux qui ont le cœur trop tendre et bâiller ceux qui préfèrent le vitriol à la guimauve. Le film s'appelle All of You, mais on n'en voudrait même pas un fragment.