Allah n'est pas obligé
6.8
Allah n'est pas obligé

Long-métrage d'animation de Zaven Najjar (2025)

Réalisé par Zaven Najjar, Allah n’est pas obligé adapte le roman éponyme d’Ahmadou Kourouma. Ce film de guerre suit le parcours de Birahima, un enfant guinéen orphelin, pris dans le chaos des conflits en Afrique de l’Ouest. Alors qu’il tente de rejoindre sa tante au Libéria, il croise la route de Yacouba, un soi-disant féticheur, qui l’entraîne dans les rangs des enfants soldats. Entre factions rivales et guerres civiles, le jeune narrateur découvre la brutalité d'un monde adulte en guerre, avec un ton cynique et détaché.

Le film ne cherche ni à édulcorer, ni à détourner le regard. La guerre civile y est représentée dans toute sa laideur : corruption, massacres, et absurdité politique. L’intention est forte, salutaire même. À travers Birahima, c’est tout un continent martyrisé qui prend la parole avec rage. Le choix d’un récit ironique et désabusé permet de créer une distanciation mordante, qui souligne l’horreur par un humour noir qui ne fais jamais rire, mais qui inquiète. C’est aussi un film utile, car il rappelle à un public occidental, souvent prompt à se plaindre, que les vraies dictatures ne laissent pas de place aux caprices.

Malheureusement, l’œuvre souffre d’un manque flagrant de finesse. Le scénario avance sans relief, répétitif, presque mécanique. À mesure que Birahima traverse les territoires, le récit semble se répéter à l’identique : prise de contact, violence, fuite. Il ne se dégage aucune tension dramatique, aucune évolution sensible du personnage, sinon une exposition brute et continue de la violence. L’absence d’ambiguïté, de respiration ou de poésie rend l’ensemble aride. Sur le plan narratif, l’écriture peine à se renouveler, et l’ennui s’installe dès le premier tiers.

Visuellement, le résultat est désespérément plat. L’animation numérique, sans recherche formelle ni expérimentation, se contente d’un style fonctionnel et inexpressif. L’absence de textures, de cadrages audacieux ou d’identité graphique mine gravement l’impact du film. Chaque séquence semble collée à la précédente, sans souffle ni tension visuelle. Le design laisse l’impression d’un produit figé, paresseux dans sa conception. Quant à la musique, elle ne parvient ni à soutenir l’émotion, ni à créer une ambiance distincte (excepté au moment du générique, où la musique s'élève après coup).


Relever autant de défauts à un film aussi chargé d’intentions et de conscience est un crève-cœur. Mais il est important de considérer cette histoire non pas comme l’œuvre littéraire originelle, mais comme ce qu’elle est : une adaptation cinématographique. Et un film ne peut pas se contenter de raconter une histoire utile. Si c’est une base précieuse, ce n’est jamais une finalité. L’impact réel, celui qui marque les esprits, passe aussi par la qualité des choix artistiques. Ici, trop de secteurs de production ont été laissés au rabais. Le propos reste trop honorable pour attribuer une note inférieure à trois étoiles, mais la créativité n'y est pas.

Créée

le 19 juin 2025

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Casse-Bonbon

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