A mi-chemin entre les films sociaux de son début de carrière et les chefs d'oeuvre formalistes qui suivront Almanach d'Automne demeure tout à fait représentatif du cinéma de Béla Tarr en même temps qu'il affiche une réjouissante singularité. Psychodrame terrible et insolite ce quatrième long métrage, principalement réalisé sous le signe de l'improvisation, nous entraîne au coeur d'un nid familial empli de tensions et d'animosité.


Privilégiant les décors et le contraste des ombres et des couleurs Almanach d'Automne fait figure de huis-clos à l'atmosphère unique, évoquant entre autres choses l'expressionnisme allemand des années 20 et le cinéma d'Ingmar Bergman. Cruauté morale, humiliations, vénalité : Béla Tarr filme des personnages en perpétuelle autodestruction, composant ses plans avec une précision salutaire. Il filme des situations sans avoir peur de construire une esthétique susceptible de les mettre en valeur ni de paraître un tantinet maniériste. En d'autres termes Almanach d'Automne reste un film à part dans l'Oeuvre de Tarr, assumant ses partis pris et ses étonnantes imperfections formelles. En résulte le film d'un artiste difficile, entier ainsi qu'exigeant, un film à la maîtrise indiscutable et à l'humeur chagrine. C'est très beau.

stebbins
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le 8 avr. 2016

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