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Parler de cinéma et de Michael Bay dans la même phrase relève sans doute, pour beaucoup, du geste kamikaze. Surtout lorsque ses plans durent en moyenne moins d'une seconde, comme dans...
le 24 mars 2022
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Est-il encore nécessaire de présenter Michael Bay ? Le roi de l'explosion, du carambolage et de la tôle froissée s'est bâtie une réputation de maître de l'action et pyro-enthousiaste en alignant les block busters à succès : Bad Boys, The Rock, Armageddon & Pearl Harbor partageaient un amour du grand spectacle avec des personnages archétypaux, une mise en scène épique et épuisante, des bandes son bien trop dramatiques et une panoplie d'acteurs chers pour appâter le chaland.
En 2007, sa carrière a pris un tournant morbide lorsqu'il a décidé de ne plus faire que des Transformers, et c'est donc avec un plaisir légèrement coupable qu'après 10 ans et 5 films de robots géants, je le vois enfin revenir à ses premiers amours : les explosions et la tôle froissée, garantie sans Autobots.
Sous le capot, on a un trio composé de :
• Jake Gyllenhaal, en roue libre totale. Comme s'il voulait s'émanciper de dix ans de rôles introspectifs, tourmentés et ambigus, il se lâche dans un pétage de plomb que n'aurait pas renié Nic Cage
• Yahya Abdul-Mateen II n'est probablement pas aidé par son rôle chiant et lisse, mais j'ai plusieurs fois oublié l'existence de son personnage, alors qu'il tenait le volant
• Eiza González, qui essaye à peine de jouer avec une perpétuelle moue sévère et renfrognée, et n'a clairement pas été embauchée pour son talent d'actrice
• Une collection de seconds rôles à peine écrits, comme Garret Dillahunt ou Olivia Stambouliah qui en font des tonnes pour essayer d'avoir l'air badass, et que le script croit faire exister en leur donnant d'occasionnelles punchlines
o o o
Ambulance est le Michael Bay le plus Michael Bay de tous les films que j'ai vu de Michael Bay. Il contient tous les ingrédients de sa formule, et aligne toutes les qualités et les défauts du réalisateur :
• Des personnages archétypaux et souvent drôles, incarnés par des brochettes d'acteurs charismatiques (The Rock et Armageddon ont mis la barre assez haut) <= Je parle bien de l'avant-Transformer, et ne ferai aucun commentaire sur le charisme de Chia LaBouffe ou Marky Mark.
• Une protagoniste décorative dont Bay a surtout envie de filmer le cul. Il avait déjà recruté Tea Leoni, Liv Tyler (inexpressive), Scarlett Johansson (sous-exploitée dans un rôle de potiche) et Megan Fox (avant sa mutation en bloc de silicone).
• Des explosions dans tous les sens et un vrai talent pour les filmer à hauteur d'homme, procurant à des plans farcis d'effets spéciaux un caractère authentique et immersif. Même dans des films aussi popcorn et boursoufflés que Transformers, les effets spéciaux sont bien mieux filmés et mis en valeur que dans n'importe quel Marvel.
• Un montage atroce, avec rarement un plan de plus d'une seconde, des caméras qui tournent sans raison autour des personnages pendant un dialogue anodin, et une cadence de cut tellement frénétique que si vous n'étiez pas épileptique, vous le deviendrez.
• Une obsession pour les nouvelles technologies et les gadgets cools et inutiles. Cette fois, Bay s'est offert les services d'un champion du pilotage de drone, et j'espère que vous aimez les plans en drone, parce que vous allez en bouffer. C'est souvent gratuit et ridicule, mais quand ça marche, ça marche à fond, et on voit la caméra foncer sous des bagnoles en train de voler dans des gerbes d'étincelles entre deux collisions frontales.
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Ambulance fonctionne parce qu'il offre exactement ce qu'il avait promis : deux heures de course poursuite frénétique en ambulance, des tonnes de cascades réelles où on a cassé des centaines de vraies bagnoles dans un ballet de destruction hypnotisant. Ça va vite et fort du début à la fin, enfin presque, parce que la scène de braquage au tout début est vraiment nulle à chier, mais une fois dans l'ambulance, ça ne s'arrête JAMAIS, et le film est d'une générosité folle.
On a droit à six factions qui se foutent sur la gueule en créant un chaos absolu dans les rues de Los Angeles, des rebondissements toutes les dix minutes et des situations toujours plus dramatiques sur lesquelles on empile encore des couches de drame, jusqu'à arriver à des séquences aussi absurdes qu'une opération à coeur ouvert sans anesthésie à 150 km/h assisté par des chirurgiens via Skype, pendant que l'ambulance évite les balles d'un hélico à contresens sur le périph'.
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Créée
le 9 août 2025
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le 24 mars 2022
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(Et pourquoi pas ?) Dans la liste des choses à faire avant de mourir, je pense qu'il faudrait rajouter "voir un film d'Eric Rohmer en compagnie de Michael Bay". Ca fait depuis Armageddon que j'avais...
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le 24 mars 2022
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Ce film d'action est de Michael Bay. C'est l'histoire de Will Sharp ( Yahya Abdul-Mateen II ) et de son frère adoptif Danny Sharp (Jake Gyllenhaal ) qui vont décider de faire un braquage ensemble...
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