Critique voire franche satire de l'American way of life, American Beauty se présente comme une tragédie comique dont la postérité n'est plus à défendre. Derrière son ensemble de personnages atypiques et ses situations rocambolesques, le film dresse le portrait sociologique d'américains moyens au quotidien désuet dans les années 90. Le père de famille, campé admirablement par un Kevin Spacey en forme, est un idéaliste éperdu dont la vie change du jour au lendemain à partir de deux rencontres : celle qui lui insuffle du désir sensuel, la charmante Lolita meilleure copine de sa fille, et celui qui, miroir de sa jeunesse passée et de ses espoirs déchus, lui apporte la confiance en soi dont il manque, notamment à travers la consommation de substances psychotropes. Tragédie moderne portée aux nues par des acteurs convaincants, American Beauty ressemble à une fable poétique qui dépeint les idéaux de personnages perdus dans une société écrasée par le poids des injonctions diverses, et profondément malheureux socialement comme dans le cadre familial voire intime, qui prennent leur destin en main pour tout changer. Si l'anabase du personnage principal se solde magistralement par la mort, c'est une mort sublime, ou en tout cas vécue comme telle, avec élégance et un certain sens de la dérision derrière nos vies "insignifiantes" emplies de conformisme, d'idées reçues et de paraître. S'assumer, oui, mais à quel prix ? Un regard poétique sur notre monde moderne, ses travers et la nécessité de toujours rester authentique voire de percevoir, philosophiquement, la beauté de la vie, de saisir les petits riens de l'existence. Une fable sur les relations humaines, leurs cassures et la bienveillance qu'elles incombent dans un monde profondément individualiste où chacun est marqué par ses fêlures et doit se battre pour exister, composer avec ce qu'il est et ce que sont les autres. Une ode à la vie, au respect et à l'amour, campée par un arc narratif réussi, une cinématographie sobre et élégante et de véritables moments d'anthologie. Un très beau classique à ne pas manquer.

Ednassyla
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le 17 déc. 2020

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