Psychopathe moderne

Seconde fois que je regarde ce film et seconde fois qu'il me laisse relativement indifférent. En effet, malgré son statut de film culte, enfin surtout pour tous ces memes qui ont pullulé sur Internet, ce film réalisé par Mary Harron et sorti en 2000, est, pour moi, pas mal mais sans plus.

Adapté du roman de Bret Easton Ellis (apparemment bien plus crade et sulfureux d'ailleurs), nous suivons ici l'histoire de Patrick Bateman, travaillant à Wall Street et à qui tout réussi. Le seul problème étant qu'il adore tuer des gens et en particulier des jeunes femmes.

Dit comme ça, rien d'extraordinaire, surtout à une période où le néo-slasher revient en force. Mais ici, rien à voir avec le sous-genre puisque nous sommes plus devant un thriller au gore très modéré. En effet, les années 90 ont également apportées leur lot de thrillers, sombres ou érotiques mais, encore une fois, le film détourne un peu les codes du genre (codes qu'il avait, encore une fois, à cette période). Puisque malgré la gravité du sujet, le ton adopté est assez léger et tout y est lumineux.

Nous sommes en effet avant tout dans une satire de la réussite américaine moderne, de l'univers de l'abondance, qu'elle soit monétaire ou autre mais surtout de faux-semblants où tout le monde se fiche de tout le monde. En effet, nous ai avant tout décrit un personnage complètement antipathique qui cherche en premier lieu à afficher une vitrine sociale : encore une fois celle de la réussite. Il n'a que faire des personnes ne s'intéressant pas à son image qu'il se construit soigneusement (je pense notamment à l'excellente scène de la routine matinale) et même plus, il en devient vexé lorsque personne ne daigne lui demander ce qu'il fait dans la vie.

Même son appartement, particulièrement impersonnel témoigne en réalité du symbole de réussite sociale et professionnelle. Tout est blanc et immaculé avec le moins de mobilier possible ; ce n'est pas accueillant mais ça transpire un statut social important.

Malgré toutes ces qualités, le fait de ne pas tomber dans un thriller des plus classiques, je trouve que le film s'éparpille un peu trop dans ce qu'il souhaite raconter, c'est très mou par moments et puis, plus simplement, il n'est dans le fond pas si extraordinaire que ça. Non en effet, malgré ce monde cynique qu'il dépeint, on a l'impression que le film n'approfondi pas assez son sujet, ce qui est bien dommage et ne reste, à l'image des personnages qu'il dépeint, qu'en surface, grâce (ou à cause) notamment à une mise en scène particulièrement léchée (et très réussie soit dit en passant). Heureusement, il se rattrape sur sa fin, encore plus bordélique que le reste, qui peut donner lieu à de multiples interprétations.

Le casting rattrape également les points négatifs du film avec un Christian Bale particulièrement excellent, de même que Willem Dafoe, Jared Leto, Chloë Sevigny et une Reese Witherspoon qui se fait trop rare malgré une écriture particulièrement intéressante (elle aussi étant complètement obsédée par l'image qu'elle renvoie ; elle se fiche de la personnalité de son fiancé, tout ce qui l'intéresse étant l'image qu'il renvoie aux autres).

"American Psycho" me laisse donc une nouvelle fois perplexe : à la fois j'adore les discours qu'il tente de mettre en place à travers un genre qui s'y prête particulièrement bien mais en même temps, je ne parviens jamais à pleinement rentrer dedans.