La Gloire (de mon père), la Beauté (de ma mère)
Sur les conseils de ma maman (il faut toujours écouter sa maman) et de ma femme (il faut encore plus écouter sa femme), j’ai cédé aux appels de la palme. Il faut avouer que mes derniers rapports avec le cinéma cannois ne sont pas des plus plaisants, Tree of Life était bien mais pas transcendant, et Oncle Boonmee… jugez par vous-même…
Amour n’est pas une histoire d’amour, Amour ne raconte pas d’histoire. Nous sommes des objets voyant passer devant nous un vieux couple, qui n’en finit pas de s’aimer. La vieillesse a ses vertus mais aussi ses drames, qui touchent tout-un-chacun, sans distinction aucune. Alzheimer, Parkinson ou un AVC sont d’autant de maux avec lesquels il faut vivre, ou survivre.
Lorsque sa femme devient dépendante de lui, Jean-Louis Trintignant devra autant qu’elle réapprendre à vivre son quotidien mais aussi son amour.
D’une élocution théâtrale, Jean-Louis et Emmanuelle nous berce de leur voix posées, sonnant presque fausses dans leur appartement parisien. Nous avons l’impression d’être au théâtre, donc chaque mot est pesé, chaque inspiration rythmée.
Si je n’ai pas été convaincu par ce film, qui reste un très beau film, c’est parce que j’ai eu le sentiment d’une facilité déconcertante. Il est facile de filmer de façon neutre, il est facile de diriger ces acteurs, il est facile d’émouvoir sur un tel sujet, mêlant dépendance, amour et vieillesse. Peut-être même, juste en lisant ces mots, vous aurez une pensée pour un être cher, et serez donc déjà touché par ce film.
Prenez les mêmes acteurs, le même décor, faites-en une pièce de théâtre catalyseur d’émotion et vous aurez une très belle réussite. Ici, cette Palme d’Or me semble d’une complaisance certaine, récompensant une vie plus qu’une œuvre.
Amour est un drame à l’état brut, sans fioriture, sans prise de risque, sans bouleversement… Si vous ne voyez pas cette œuvre, sachez que c’est un cliché de la vieillesse, qui vous rattrapera tôt au tard.
Toilez-vous bien!
PastequeMan