Tiède amusement

Quand on aime le cinéma d’horreur, il est toujours appréciable de sentir que derrière tel film il y a un passionné qui est là pour proposer sa version, pas seulement là pour remplir son CV ou faire plaisir à son producteur. J’ignore si c’est dû à son réalisateur, John Simpson, ou son scénariste, Jack Wade Wall, tous deux habitués à ces productions, mais on y ressent un certain intérêt pour les films d’horreur, le film digérant quelques courants.

Amusement commence de belle manière lors d’un convoi autoroutier où plusieurs véhicules se mettent ensemble et se suivent pour faire la route, comme cela peut arriver et de manière généralement imprévue. Mais dans le camion qui ouvre la route, mené par un peu amène routier, il y a une jeune fille qui va tenter de s’en délivrer en sautant en marche. Les occupants des voitures suivantes vont tenter de la protéger. Mais ce n’est peut-être pas ce qu’on croit. Les personnages changent, le lieu aussi, pour une baby-sitter en proie à un clown inquiétant, puis une jeune femme qui va remonter la trace de sa colocatrice disparue dans une étrange maison.

Entre ces trois actes, un interrogatoire avec l’une des filles va mener au quatrième, et nous faire comprendre que les trois femmes qui sont ici victimes se connaissent depuis l’enfance et qu’elles ont en commun une autre relation, bien dérangée du ciboulot.

Ce qui est donc un faux film à sketchs horrifiques est pourtant l’occasion d’utiliser quelques clichés du genre du film d’horreur, tel que l’homme rugueux mais pas si dangereux, la figure du psychopathe, surtout s’il est en costume de clown, la maison qui tient plus du laboratoire fou que du charmant lieu de vacances, et d’autres tics tels que les courses poursuites ou les séances de torture. C’est utilisé parfois avec du papier calque, parfois en arrivant à surprendre le spectateur, comme ces jeunes femmes écorchées.

D’autres bons points sont encore à noter avec quelques bonnes scènes comme l’utilisation assez terrifiante des matelas lors de la troisième partie. Mais surtout la première commence sur les chapeaux de roues, si je puis me permettre. Non seulement la vitesse et les scènes en voiture sont très bien réalisées, mais il y a une tension très forte, qui prend aux tripes, et qui n’aura pas la même intensité par la suite.

Car le film n’y arrive pas. Les acteurs jouent mal, et les jeunes femmes ont la classe mannequin, celle reproductible qu’on retrouve dans tout film qui choisit ses actrices plus sur leur physique que sur leur jeu. Elles n’arrivent pas à exister sur l’écran alors que le scénario essaye de leur offrir de la personnalité dans leurs rôles. C’est le même ennui avec la menace, qui une fois dévoilée, se révèle caricaturale.

Et, surtout, le script prend le spectateur pour des idiots. Il laisse derrière lui des éléments en espérant qu’ils seront effacés de notre mémoire et ses révélations entraînent de nouvelles questions. Pas du genre à questionner les scènes précédents, mais plutôt à se comment cela pourrait être possible tellement c’est invraisemblable et illogique. Toute la machination de la personne qui en veut à ces trois jeunes femmes est impossible à croire, car alambiquée et stupide. Ne parlons même pas de ses motivations, ridicules.

L’équipe responsable de ce film aime le genre du film d’horreur. Il n’est heureusement pas dans la citation explicite, mais bien dans la reprise de certains éléments, parfois utilisés à bon escient. Il arrive aussi en s’appuyant dessus à proposer des scènes qui n’appartiennent qu’à lui. Mais cela ne suffit pas, car le scénario est en roue libre, à un tel point que ça en est insultant pour le spectateur. Il y a eu probablement un couac quelque part. Car le film laisse le sentiment amer d’avoir été travaillé sur certains points, et sur d’autres complètement abandonné.

Il était prévu de le sortir en salles aux États-unis, ce fut abandonné. Seulement deux pays y eurent droit, la Thailande et Taiwan.