One angry woman

C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : " Jusqu'ici tout va bien... Jusqu'ici tout va bien... Jusqu'ici tout va bien. " Mais l'important, c'est pas la chute. C'est l'atterrissage. Ou bien est-ce tout l'inverse ?

En effet, autopsie d'un meurtre ou dissection d'un suicidé là n'est pas vraiment la question car la chute nous intéressera bien plus que sa finalité. La vérité ne se découvre pas, elle se choisit, et aucun élément factuel ne rendra justice à la vie infinimement complexe d'un couple qui s'aime mais à qui cela ne suffit pas.

Troublant tant il sonne juste, ce film dévoile sans pudeur et avec une effroyable dextérité les dessous sales des angoisses humaines, nous attache à une chaise, nous écarquille les paupières et nous plonge sans autre forme de procès dans le cristallin embrumé d'un enfant à qui on ôte le droit d'en rester un.

Comme lui nous découvrons le corps en premier, et à l'aveugle partirons nous l'élucider. Mais les dégâts au nerf optique sont irréparables et nous ne sommes pas prêts de retrouver la vue. Alors dans la pénombre on tâtonne, on cherche, on expérimente, sans jamais être certains de ce qu'on espère trouver. Comme lui nous perdrons notre innocence, face à une humanité belle de sa laideur, sincère dans son égoïsme et magnifique d'intensité. L'histoire d'une femme, d'une mère, d'un couple, et de ce que la vie inflige aux ambitieux.

Et comme lui nous déciderons notre vérité, ni la pire ni la meilleure mais simplement celle ou c'est terminé, alors on met fin au procès, on embrasse sa mère et on choisit d'arrêter les frais car pour la douleur comme pour les antidépresseurs il faut bien finir par s'en sevrer.