Anatomie d'une chute par Gassid

J’ai bien aimé. Anatomie d’une chute m’a pas mal surpris (les Palmes d’Or de Cannes ne sont jamais nulles mais parfois je ne suis pas fan).

La mise en scène est cool, et surtout Sandra Hüller est incroyable dans son rôle. J’ai beaucoup aimé sa présence, parfois froide, parfois émotive, parfois manipulatrice. On ne sait jamais vraiment si on doit la croire ou non (en plus elle nous a déjà menti, ce qui renforce ce sentiment). La scène de la dispute entendue puis vue en flashback, je l’ai trouvée très bien pensée : on croit avoir enfin la vérité… mais l’image disparaît et on repasse à l’audio, et tout redevient flou.

Et c’est là le point fort du film : la manière avec laquelle Justine Triet joue avec cette « zone grise ». Cette ambiguïté m’a beaucoup plu et elle se ressent aussi dans l’histoire de ce couple. On apprend à connaître Samuel, un Samuel qui projette ses échecs sur sa femme, se sent étouffé, etc., jusqu’à peut-être commettre l’irréparable (mais Sandra nous dit elle-même qu’il n’était pas comme ça). Comme spectateur, on bascule sans cesse. Au début, on peut croire Sandra manipulatrice, puis c’est lui qu’on sent instable. Et c’est ça la force du film, je pense.

Je ressors aussi assez marqué par le fait qu’ici on ne juge plus la situation sur des faits mais Sandra et sa vie. On nous parle de son ambition, de sa sexualité, de son rôle de mère et de sa place dans le foyer. Tout est disséqué et mis sur le devant de la scène. Et puis ce procureur arrogant qui voit de l’incrimination partout...

Le point faible, pour moi, c’est la fin. Tout repose sur le témoignage de Daniel. Son retour comme témoin providentiel m’a semblé trop « écrit », trop salvateur. Ça casse un peu l’ambiguïté qui faisait la force du film et ça tire le film vers le drame, sans intêret.