Angel Hunter
Angel Hunter

Film de Sun Chung (1992)

En 1987 sort le film Angel, également connu sous le titre Iron Angels, de Teresa Woo San et va lancer deux modes : celle des Girls With Guns, sous genre typique du cinéma de Hong Kong, et celle des titres avec le mot « Angel » dedans. Angel Enforcers, Angel Mission, Midnight Angel, The Revenge of Angel, Angel Terminator, et bien d’autres qui vont surfer sur cette vague de femmes spécialistes des arts martiaux et des flingues qui vont balancer de la tatane dans la gueule de tout bon sbire qui se respecte. Mais il y a d’autres films, toujours estampillés « Angel » qu’on va voir arriver alors que le sous-genre commence à s’essouffler et qui vont se lancer dans d’autres styles. On pourrait citer Raped by an Angel (1993) qui va tenter sa chance du côté du Cat III sexy gore violent, ou encore le Angel Hunter (1992) qui va nous proposer un thriller très sérieux aux thématiques pas du tout rigolotes. Cet Angel Hunter, c’est le film du jour.


De ce que je me souvienne, ils sont rares les films de Hong Kong abordant le thème de la religion et de ses dérives via des sectes. Angel Hunter va s’engouffrer dans ce filon et proposer une histoire intéressante dans laquelle des jeunes filles vont se voir endoctrinées par un gourou influent et aux arguments imparables pour une jeunesse un peu perdue, parfois livrée à elle-même, afin d’être mises par la suite sur le trottoir et rapporter de l’argent à la secte. Le sujet va être traité ici avec beaucoup de sérieux (malgré quelques scènes comiques au final inutiles) et va être abordé de manière très directe. A la barre de cette entreprise, on retrouve Sun Chung, réalisateur vétéran et chevronné qui a essentiellement œuvré dans les années 70 et début 80 avec des titres tels que The Avenging Eagle (1978), The Deadly Breaking Sword (1979), Human Lanterns (1982) ou encore The Master Strikes Back (1985). Après deux films nerveux, violents et sombres dans la deuxième partie des années 80, Lady in Black en 1987 et City War en 1988, il signe donc Angel Hunter en 1992, son seul film de cette décennie et surtout son dernier film avant de se retirer du monde du cinéma. Il va aligner un gros casting que les amateurs de cinéma de Hong Kong sauront apprécier. On retrouve donc un tout jeune Lau Ching-Wan (Full Alert, A Hero Never Dies) en gentil détective, Ng Man-Tat (Shaolin Soccer, Fight Back To School) en professionnel spécialisé dans les religions, Vivian Chow (Path of Glory, Fun and Fury) en jeune étudiante influençable, Carrie Ng (Angel Terminators, Sex & Zen) en fidèle fanatique, et l’inimitable Anthony Wong (The Untold Story, Ebola Syndrome) dans sa période longue bouclette, affublé d’une moustache dégueulasse, en gourou beau parleur. Un casting qui sera l’attrait principal d’un film qui aura malgré tout quelques tares l’empêchant de vraiment décoller.


La mise en scène de Sun Chung est soignée, avec beaucoup de filtres de couleurs comme on a pu en voir pléthore dans les productions Workshop de l’époque, des mouvements de caméra assez étranges mais qui accentuent le côté ambigu de certaines scènes. De manière générale, la production value est assez élevée et donne lieu à des images parfois assez saisissantes. Par certains aspect, Angel Hunter rappelle le cinéma horrifique italien de la fin des années 70 qui se serait mélangé au côté rock n’ roll des années 80 avec un joli travail sur la musique qui aide à faire monter la tension, riffs de guitare électrique sympathiques (bien que clichés) à l’appui. Le gros problème du film, c’est qu’il prend un peu trop son temps pour démarrer. Il pose son ambiance, parfois un peu étrange, avec scènes érotiques très colorées, façon « orgie satanique » (bien que très soft), sans doute un peu trop longtemps. Le film pourra paraitre un peu lent dans sa première heure où l’histoire se met en place, on l’enquête suit son cours. On a parfois un peu l’impression que le film se contente de tourner en rond jusqu’à sa grosse scène finale. Avec Yuen Bun et Corey Yuen à la direction des scènes d’action, on était en droit d’attendre quelque chose qui allait déménager un minimum. Heureusement, la première scène d’action n’arrive qu’à 1h04 du film et elle est annonciatrice d’un final très intense avec un gros gunfight crépusculaire à l’appui. La violence y est sèche, sans concession, sans chorégraphie martiale car le but était de proposer quelque chose de brutal, giclées de sang à l’appui.


Angel Hunter est un thriller qui pêche par une première heure languissante, manquant clairement de punch, mais qui est rattrapé par ses dernières 30 minutes, assez intenses, se finissant par un gunfight dont seul Hong Kong en a le secret.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 25 janv. 2022

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