Sorti de nulle part, voilà que pointe le bout de son nez cette production sino-thaïlandaise alignant un casting martial des plus réjouissants et un trailer nous proposant un film un peu plus exotique que ce qu’on a l’habitude de voir dans la production cinématographique asiatique actuelle, se limitant souvent aux polars, comédies, films en costumes ou drames. On nous promet une jungle, des indigènes dangereux, des pierres précieuses, des bad guys vraiment méchants,… un peu plus et on se croirait dans un nouvel épisode d’Indiana Jones ou pour rester dans le local, de Armour of God. Mais très vite, on va se rendre compte qu’on est devant un bon gros nanar des familles, sur lequel on va se marrer alors que ce n’était à priori pas le but premier.
J’avoue, je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai autant rigolé devant un film chinois. Tout ou presque est ici complètement à coté de la plaque. Soit le film ne se prend pas au sérieux, et là c’est fun, soit le film se prend au sérieux, et là c’est grave… mais très fun quand même. Après coup, même le titre et l’affiche sont complètement nanars, renvoyant directement aux productions « jungliennes » bas de gamme indonésiennes et philippines des années 80.
Il faut dire que tous les éléments pour faire un mauvais film d’aventure sympathique sont réunis : de la nénette au décolleté très avantageux ou courte vêtue, qui aiment s’arroser et se baigner dès qu’elles voient un lac ou une cascade, des personnages cons comme des manches qui veulent manger un gros champignon au look vénéneux dès qu’elles l’aperçoivent car il a une belle couleur, des dialogues d’une grande niaiserie donnant des scènes qui valent leur pesant de cacahuètes, des passages en dessin animé d’aucune utilité, des flashback de la jeunesse des personnages avec des acteurs qui ne ressemblent même pas à leur équivalant plus âgé, des acteurs qui parlent dans un anglais approximatif avec un accent catastrophique, des plans ultra nanars voire « What the fuck !?! » comme Andy On torse nu au ralenti sur un cheval blanc ou encore l’arrivée de deux hélicos vu depuis l’entre jambe d’un singe en train de pisser en haut d’un arbre…
La liste serait vraiment trop longue à énumérer, on en rigole parfois tellement certains moments sont d’un ridicule hallucinant. Certains passages sont même limite gênants car on ne sait pas s’il faut en rire ou être consterné… C’est sans parler des très nombreuses incohérences comme lorsque Collin Chou change de coupe de cheveux en l’espace de 10 secondes… à moins qu’il y avait un coiffeur indigène dans le coin… ou que cinq jeunes et frêles demoiselles aux deux mains gauches deviennent, suite à un pauvre entrainement d’une journée, cinq guerrières expertes en lancer de shuriken et en arts martiaux. Vraiment du putain de grand art pour rester poli !
Et qui dit nanar d’aventure dans la jungle avec des méchants vraiment méchants dit forcément scènes d’action et de fusillades. Autant la première moitié du film en est plutôt avare, autant la seconde nous donne ce qu’on attendait. Il faut dire qu’avec un casting martial pareil, Andy On (New Police Story, True Legend), Collin Chou (Blade of Fury, Flashpoint) et le très charismatique Xing Yu (Crazy Kung Fu, Bodyguards and Assassins), ça aurait été du gâchis de ne pas leur faire lever un peu la guibole. Autant le dire tout de suite, on est loin, très loin même de la grande époque en terme d’enchainements et de chorégraphies. On est ici dans l’abus de ralentis et un montage très cut histoire d’essayer de donner du punch lorsque certains acteurs ou actrices non martiaux donnent de leur personne dans des combats. Néanmoins, l’ensemble reste très agréable à regarder, parfois d’une grande violence comme par exemple lors de l’attaque du village indigène, mais souvent là aussi rempli de moments bien nanars comme lorsque Collin Chou, pour une fois dans le rôle d’un gentil, se transforme littéralement en Rambo, dégommant tout ce qui lui tombe sous la main, se cachant en une fraction de secondes sous un amas de feuilles pour mieux surprendre son ennemi. Fort quand même le Collin, très fort. Ce dernier avoua même lors d’une avant première du film avoir accepté le rôle uniquement pour pouvoir se la jouer Sylvester Stallone chinois dans la jungle.
Angel Warriors aura été au final une expérience très rigolote. Alors qu’on peut s’attendre sur le papier à une série B d’action efficace, on se retrouve avec un bon gros nanar con comme la lune qui cinématographiquement ne vaut pas grand chose mais qui pris au second degré permet de passer un bon moment de détente.
Note : 3.5/10
Note nanar : 7/10
