Angélique
3.9
Angélique

Film de Ariel Zeitoun (2013)

Voir le film

Une seule et unique raison m’a poussé à aller voir Angélique de Ariel Zeitoun. Ce n’est pas en effet pour le talent du réalisateur de BimboLand, XXL ou Yamakasi que je me suis déplacé jusque dans la salle obscure, mais bel et bien pour la très belle Nora Arnezeder que j’avais découvert en début d’année dans Maniac de Franck Khalfoun.


Cette actrice française née en 1989 débute sa carrière de comédienne à 17 ans en 2006 dans les TV films (dont RIS Police scientifique) avant de décrocher un premier rôle dans Faubourg 36 de Christophe Barratier (Les choristes) qui lui ouvrira des portes pour les années à venir. Enchaînant désormais plusieurs films par année, elle donne la réplique à Denzel Washington dans Sécurité Rapprochée (2012) et apparaît dans le casting de The Words (2012) de Brian Klugman, au coté de Jeremy Irons, Dennis Quaid et Bradley Cooper. De retour en France depuis plus d’un an, elle obtient le premier rôle d’Angélique, déjà adapté à l’écran en 1964 par Bernard Broderie et interprétée par la sublime Michèle Mercier.


Mais en plus de son métier de comédienne, il faut savoir que Nora à aussi pris des cours de chant et de danse, passion qui l’anime depuis sa plus tendre enfance avec le théâtre. Sans oublier aussi qu’elle devient en 2009 l’égérie du parfum Idylle de Guerlin ou elle prête même sa voix pour la publicité en interprétant singin’ in the rain …


Ayant déjà fait plus ou moins le tour de la courte carrière de la belle, je me dois à présent de parler de ce film d’Ariel Zeitoun qui est, sur le papier, à n’en point douter, une production parfaite pour exploiter la plastique et les compétences de l’actrice. Mais un seul mot me vient à la vision de cette ré-adaptation moderne du livre de Serge et Anne Golon : consternant !


Prétentieux dans ses effets de mise en scène, le cinéaste n’exploite jamais la densité de son scénario. Dès les premiers plans, Angélique sidère et déconcerte car Ariel Zeitoun préfère combler le manque de moyen de la production par un partis pris visuel pompeux et tape à l’oeil (difficilement supportable sur la longueur !) plutôt que d’exploiter intelligemment l’ampleur du récit et le souffle romanesque de l’oeuvre original. Ce geste infantile et inconscient aura des répercussions sur la totalité du métrage ! Sur l’aspect purement cinématographique, c‘est à se demander si l’équipe technique n’est pas tout simplement amateur, car même le chef opérateur capte, dans les scènes en extérieur, des surimpressions absolument désastreuses qui agressent les rétines !


Sans parler des cadrages maladroit trop souvent exigus et de cette lumière jaunâtre artificielle sans nuance éclairant la plupart des intérieurs des châteaux, choix artistiques qui illustrent à merveille l’acharnement de l’équipe technique de vouloir donner à tout prix un cachet visuel au film au détriment de l’intrigue, du suspense et des conflits humains qui passent toujours au second plan !


On assiste donc passivement à des enchaînements de scènes rythmés pas des dialogues laborieux et explicatifs qui n’arrangent rien à l’affaire. Tout le monde se donne de l’importance, aucun personnage ne brille par une quelconque verve subtil ou poétique, et à part quelques exceptions, tous s’affirment gravement dans des propos ne visant qu’à surligner une dimension tragique qui gangrène beaucoup trop la caractérisation des personnages. Angélique impressionne vraiment par son manque de professionnalisme et de rigueur car la réalisation endémique gâche même les moments les plus funs et emphatiques comme les combats d’escrimes, les coups bas des traîtres, les révélations ou les courses poursuites.


Les chorégraphies peines à convaincre et toute la flamboyance et le souffle nécessaire à ce type de cinéma ne s’incarne jamais à l’écran ! C’est d’ailleurs assez incroyable d’atteindre un tel manque d’organisation et de dynamisme dans les scènes d’actions. Pire ! La volonté de Zeitoun de styliser à outrance la plupart de ses plans achèvent définitivement l’envie de s’accrocher un tant soit peu à l’histoire.


Cette surenchère se ressent même dans les scènes plus intimes et romantiques entre Angélique et le comte Joffrey de Peyrac. Le lyrisme invoqué à du mal à fonctionner car l’émotion recherchée repose constamment sur une stylisation factice qui ne permet pas à la sentimentalité de trouver humblement sa place au milieu de toute cette cacophonie verbale. De plus, des scènes fugaces viennent expliciter toutes les situations et confrontations, si bien qu’elles insistent lourdement sur des détails que le spectateur comprend très vite et jamais la surprise opère quand tombent les révélations.


La caméra se contente alors de suivre les errements d’Angélique qui surjoue beaucoup (mais est ce vraiment de sa faute vu l’inexistence de la direction d’acteur !), et toute la narration, servie par un découpage qui n’a que faire du rythme, de la lisibilité et de la fluidité, est axée exclusivement sur le comportement ou les expressions de visage de l’héroïne qui galère à donner une profondeur psychologique à son personnage. Nora Arzeneder était pourtant un choix parfait pour redorer cette franchise. On sent en elle une réelle envie de faire vivre son personnage mais encore une fois, le metteur en scène ne canalise jamais toute l’énergie et la fougue que la belle essaye de lui fournir.


Le matériau de base est particulièrement foisonnant quand on saisit tous les enjeux qui se profilent sous nos yeux. Mais perdu entre la volonté de faire un film moderne, énergique, épique avec un partis pris de mise en scène complètement gauche qui instaure une disharmonie totale dans ses choix esthétiques et l’envie de dresser le portrait d’une femme forte dans un milieu masculin, retord et sans scrupule, Ariel Zeitoun échoue sur tous les plans dans sa façon d’aborder cette histoire.


Pour finir sur une note positive, je dirais que le récit est, en soit, plutôt cohérent et bien structuré dans le déroulement des événements. L’ampleur romanesque trouve un temps soit peu sa place dans cette reconstitution du XVII siècle ou personnages fictifs côtoient personnages réels. De plus, Angélique millésime 2013 à la mérite de s’éloigner de la version glamour de 1964 et s’oriente sur une approche plus ‘réaliste’, donc je ne néglige pas qu’il y a une volonté assumé de faire du neuf. Mais malheureusement, pour toutes les raisons invoquées précédemment, la version cinématographique de Zeitoun ne parvient jamais à mettre en image toute la densité littéraire de l’oeuvre.


L’ennui se faisant sentir dès le début – et on pleure pour les acteurs qui essayent tant bien que mal d’être crédible dans leur rôle respectif (j’hallucine sur le résultat final quand je vois que le casting est pourtant loin d’être ridicule !), on constate, une fois le générique final tombé, que personne dans ce navire n’avait les épaules assez larges, ni l’oeil assez aiguisé pour mener à bien ce projet … Je me demande si un deuxième volet – prévu en cas de succès public – verra d’ailleurs le jour !

Mathieu_Babhop
2
Écrit par

Créée

le 19 août 2016

Critique lue 541 fois

1 commentaire

Mathieu_Babhop

Écrit par

Critique lue 541 fois

1

D'autres avis sur Angélique

Angélique
Beezell
1

Angel-Hic

Angélique, jeune fille aussi belle que le jour et aussi insoumise que la pluie va devoir épouser Joffrey de Peyrac, riche noble mutilé duquel elle finira par tomber amoureuse, allant jusqu’à se...

le 4 août 2017

7 j'aime

2

Angélique
Anilegna
1

Tanchélique

Je suis un grande fan des Angéliques. Ce ne sont pas les plus grands films qui aient été produits mais leur charme est indéniable, leurs qualités aussi et la nostalgie est un facteur important. Je...

le 25 août 2020

6 j'aime

2

Angélique
AmaCha
2

Indigeste...ou risible

Au menu : - Des images de (mauvais) téléfilms - Des dialogues de (mauvais) théâtres - Une direction d'acteur ridicule - Des caméras virevoltantes, des zooms, des plans à la 1ère personne (ah mais...

le 4 janv. 2015

5 j'aime

1

Du même critique

Les Aventures de Caleb Williams
Mathieu_Babhop
10

Du grand art !

Cela faisait plus de deux ans que je n'avais pas lu un roman, préférant les livres à thèmes (cinéma, musique, etc), et bien on peut dire que ce retour fracassant à la littérature m'a complètement...

le 18 août 2016

3 j'aime

Waking Life
Mathieu_Babhop
8

La séance des rêves …

Waking life, qui signifie « état de veille » en anglais, est un film d’animation unique en son genre, un véritable voyage psychédélique, métaphysique et poétique qui fascine de la première à la...

le 19 août 2016

1 j'aime