Angélique
3.9
Angélique

Film de Ariel Zeitoun (2013)

Je suis un grande fan des Angéliques. Ce ne sont pas les plus grands films qui aient été produits mais leur charme est indéniable, leurs qualités aussi et la nostalgie est un facteur important.
Je les regarde à chaque diffusion, tous les étés depuis ma plus tendre enfance.
Angélique, c'est culte et pas que chez moi!
Et donc, à l'annonce de ce remake (ou reboot s'il avait généré des suites), j'étais perplexe.
Angélique est un produit de son temps aussi bien en ce qui concerne les livres que les films.
Certes c'est une "femme forte" qui s'en sort toujours mais ce n'est pas une femme moderne enfermée dans un monde trop réactionnaire pour son esprit de liberté. C'est une femme à la personnalité bien trempée qui vit dans son époque de l'Histoire et de publication.
Bref, pour beaucoup de raisons on ne refait pas Angélique en 2013.


J'ai donc finalement vu cette "tentative" un peu malgré moi lors de sa diffusion estivale 2020 (après avoir revu avec délice les 5 opus des années 60) parce que je suis masochiste et que ne pas savoir me ronge.
Et donc, c'est une catastrophe, telle que je la sentais venir. Mais a un point tel, j'avoue que je ne m'y attendais pas, cela m'a littéralement cueilli. C'est une m..... à tous points de vue que rien ne sauve, ni son casting, ni ses décors, ni sa réalisation (si on peut parler de réalisation), ni sa musique, ni rien en fait.
C'est nul de chez nul.


Délabyrinthons voulez vous, mes bons?


Le scénario d'abord. Certes, on retrouve la trame générale du premier roman et du premier film mais saupoudrée d'ajouts malheureux, malencontreux et malvenus.
Angélique, jeune fille du fin fond du Poitou ou quelque chose dans le genre, rêve de naviguer ! Pour suivre son frère, renié par sa famille car il a épousé, rebelle, une jeune femme de couleur! Pour rappel son frère est jésuite et très conservateur à l'origine.
Mais passons, pourquoi ne pas lui donner un rêve autre que de s'envoyer son ami d'enfance dans le foin, c'est pas une mauvais chose au fond. Il aurait dû être un peu plus cohérent cependant.
Mais le rêve est très vite oublié quand elle décide de coucher avec son mari presque borgne, boiteux, mal coiffé et à l'hygiène douteuse pour ..... strictement aucune raison. En effet, si elle passe sa nuit de noce seule comme il se doit (après un mariage en pantalon histoire de montrer sa résistance! J'ai eu mal pour elle tellement c'est crétin), elle décide tout d'un coup que "ouais, finalement, elle va le faire".
Je rappelle aimablement que dans notre histoire originale, Angélique succombe petit à petit (plus rapidement dans le film, on a pas trop le temps) au charme de Joffrey de Peyrac, homme sensuel, cultivé et plein de charme malgré ses "difformités" (appelons-les comme ça).
Hé ben non, l'amour dévorant d'Angelique pour Joffrey attendra la fin du film et au lieu de s'enfuir face à un mariage arrangé qui la répugne (ce que le personnage qu'on nous présente devrait faire), elle saute au lit avec monsieur et reste le popotin dans la graisse de son conté jusqu'à l'arrivée du Roi.
Ca c'est du modernisme et de la rébellion et je m'y connais!
De base, Angélique, c'est l'histoire d'une jeune femme vendue au plus offrant pour sa jeunesse et sa capacité à fournir des bébés et qui a le bol de tomber sur un mec décent = histoire d'amour ultime. Ca marche pas avec une héroïne qui se veut moderne!
Elle passe ici pour calculatrice. En effet, il semble qu'elle souhaite manipuler Joffrey grace au sexe pour attendre, on ne sait quoi. Sa liberté peut être? Cela reste flou. En tout cas, ça lui plait la bagatelle alors elle reste.
Autre point noir du scénario, ils ont absolument voulu faire de Plessis-Bellière un personnage central, ce qui oblige à gérer le coffret de poison des Conjurés dès ce premier épisode ce qui déséquilibre complètement la narration, fausse les intentions du Roi et fait de Joffrey un personnage secondaire dans sa propre histoire.
Je note également un attentat contre le Roi au moment de la visite de la mine qui ne sert strictement à rien, n'apporte rien à aucun personnage. De toute façon, tout ce qui touche à Louis XIV est une catastrophe ratée.
Nous noterons également des incohérences assez crasses, des retournements de situation mal gérés, la faute à des personnages mal définis et inconsistants.


Parlons donc des personnages. Ce sont les mêmes mais en moins bien.
Angélique n'a aucun feu, Joffrey aucun intérêt, Nicolas est dénaturé, Louis XIV un gamin chouinard et Plessis-Bellière une pince universelle.
La faute à des dialogues particulièrement mal écrits, au style ampoulé et malheureusement, je dois l'admettre, à un casting en dessous de tout.
A part Tomer Sisley qui tire, dieu sait comment, son épingle du jeu et arrive à délivrer ses lignes de dialogue avec un peu conviction (malheureusement son personnage n'ayant rien à faire là, c'est un coup d'épée dans l'eau), mis à part lui donc, tout le reste des acteurs semble avoir abandonné le navire. Nora Arnezeder, que j'ai vu jouer correctement, murmure ses lignes de façon monocorde et le regard vide. Elle manque de charme, de feu, de présence. Certes c'est une très jolie jeune femme mais pas de quoi mettre le royaume de France à feu et à sang. Et son attitude distante et froide la rend très peu intéressante. Une tanche. (d'où le titre de la critique).
Lanvin est clairement en pilote automatique. Il calque sa voix sur celle de son prédécesseur et n'en fait pas plus. Attention, il n'est pas aidé non plus, ses dialogues sont ridicules et tentent d'être subtils sans y arriver bien sûr. Il n'a aucun romantisme, il le joue rustre et mal embouché, un peu fou de la braguette aussi m'a-t-il semblé. En bref, son Joffrey qui est sensé faire frémir les femmes de tous âges laisse plutôt perplexe et rebuté.
Son alchimie avec Arnezeder à l'écran est l'une des pires que j'ai vu de ma vie. (J'ai cru comprendre que leur entente n'était pas au beau fixe, cela se voit).
Mathieu Kassovitz, malgré toutes ses qualités (cf le bureau des légendes), est un Nicolas sans charme et sans charisme. Ce n'est pas un rôle compliqué mais il faut au moins qu'il ai l'air plus jeune et frais que Joffrey pour que ça marche. Il traverse lui aussi ses scènes de façon très superficielle.
Simon Abkarian fournit un Degrez (qui se prononce Dégré et pas Degrèze bon sang!) honorable mais bien trop crasseux. Ce personnage si attachant et roublard devient ici une sorte de Batman multifacettes à la limite du l'espion de haut vol. Je n'ai pas bien compris, je l'avoue. En voulant anticiper sur l'épisode suivant, ce personnage si important dans la vie d'Angélique est flou et sans consistance réelle.
Le reste du casting est redoublé car étranger ce qui donne une disparité de ton, de sonorité qui n'arrange pas la qualité du film.


Je crois avoir compris ce qu'ils voulaient faire.
Il voulaient sauter le second épisode où Joffrey n'apparait pas pour maintenir cette relation au centre de la saga.
Grave erreur que de précipiter les choses et Merveilleuse Angélique est l'un des meilleurs de la saga en plus.


La mise en scène d'Ariel Zeitoun est assez indigente avec des mouvements de caméra tout à fait aléatoires, des choix de cadre étranges qui rendent la lecture des scènes difficile, sans compter le choix d'un éclairage à la bougie naturel (n'est pas Kubrick qui veut) qui fait qu'on ne voit jamais rien dans les scènes d'intérieur.
Les décors sont assez pauvres, d'où, je le suppose, un sous éclairage constant pour masquer le plâtre et le contreplaqué. Et honte des hontes, des stocks footage de mauvaise qualité! C'est une production France 3 Creuse ou quoi? (qui fait de très jolies choses m'a-t-on dit mais un peu de bric et de broc).
Néanmoins, un beau budget a été investit dans les costumes qui n'ont pas à rougir, eux! Mais comme le souligne les dialogues en tout début de film : une bouse dans une jolie robe reste une bouse. Dialogue prémonitoire s'il en fut!


Le pompon sur ce béret galeux, la cerise sur ce gâteau pourri, le comble du comble, c'est qu'en plus ils nous prennent pour des idiots.
La tirade de Joffrey qui sort de nulle part, expliquant qu'il est difficile à tuer? Bien rappelée en voix off à la fin du film (après la tentative pauvre et molle d'Arnezeder de se prendre pour Scarlet O'Hara) et qui subtilement laisse comprendre au spectateur non-averti que peut-être Joffrey n'est pas mort!
Bonjour le cliffhanger de merde!
Au moins avec Bernard Borderie, la première fois, on est dévasté de voir le héros mourir, on y croit à fond et on a peur pour Angélique qui est toute seule dans la cour des miracles. Ici, elle n'est même pas acceptée (au fait où elle a trouvé un comptoir L'Oréal pour se faire une couleur châtain foncé reflet caramel, qui ressort marron caca grace au mauvais éclairage?), elle n'a pas de but autre que de se venger mais elle a déjà brulé ses vaisseaux en donnant le pacte des conjurés au Roi (encore une scène ridicule).
Non vraiment, rien ne va et, loué soit le ciel, aucune suite n'est prévue.

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le 25 août 2020

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Anilegna

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