Un début brillant pour ce nouveau thriller psychologique de Jacques Tourneur, un peu après son cycle de la peur. Il reste dans son goût des atmosphères morbides qu’il sait restituer avec un art consommé de la mise en scène, surtout au niveau de la maîtrise de la lumière, produisant des effets saisissants grâce aux ombres portées sur les murs par exemple. Ce film est adapté d’un roman et il en reste trop de traces, le rendant trop verbeux par instants. On sent de plus que l’histoire a dû être ramassée pour les besoins de la mise en cinéma et que de nombreuses pièces essentielles sont à peine esquissées voire escamotées, ce qui nuit pas mal à la cohésion de l’ensemble. Les acteurs sont bien en place, George Brent notamment, qui joue son rôle de médecin sage au milieu de ce monde chaotique et Paul Lukas qui livre une composition intéressante d’un être marqué par le malheur dès sa naissance. Mais bien sûr le film est dominé par la présence d’Hedy Lamarr, une des plus belles actrices que le cinéma ait connu, qui l’illumine de sa grâce. En conclusion, un film inégal mais intéressant pour la patte de Tourneur, maître des lumières…