Ancien soldat d’élite, Gao Feng (Tiger Hu Chen) part sauver sa sœur enlevée par une organisation criminelle internationale. Il y aura des armes, des cris, de la sueur et des phrases martiales sur la loyauté. On devine tout à l’avance. Et pourtant, Angry Rescue s’imagine réinventer le cinéma d’action chinois. Sur ce point, la modestie n’a visiblement pas été invitée sur le tournage.
Le vernis de l’action, la faiblesse du fond
Tout, dans Angry Rescue, semble taillé pour un spectateur distrait : fusillades et combats stylisées. Mais le scénario, calibré au millimètre près sur un cahier de clichés, ne laisse aucune place à la surprise. L’émotion n’existe pas, le montage hache les combats, et la mise en scène ressemble à un long épisode d’une série web produite à la va-vite.
Tiger Hu Chen, toujours impeccable physiquement, mérite mieux que ce patchwork d’intentions martiales et de dialogues sous Prozac.
Un prisme racial gênant
Difficile d’ignorer le malaise qui traverse le film. Dès la première scène de guet-apens, la première victime est un personnage noir, éliminé sans cérémonie – un détail qui pourrait passer inaperçu si le reste du récit ne confirmait pas un biais latent.
Tout au long du film, les rares personnages non-chinois se voient attribuer des rôles suspects : traîtres, mercenaires ou collaborateurs forcés. L’un d’eux, un agent de sécurité noir, trahit son collègue « parce que son fils a été pris en otage » — un prétexte qui semble inventé pour justifier une caricature.
Rien de frontal, mais un parfum désagréable d’inconscient collectif qui imprègne ce cinéma-là : celui où la menace vient toujours d’ailleurs, et rarement des siens.
Un “web-movie” aux ambitions trop grandes
Sorti en catimini, le film a fait un flop monumental. Certains médias chinois rapportent… huit spectateurs recensés en salle lors de sa première semaine. Les critiques locales sont sans pitié : scénario mécanique, personnages creux, dialogues de série télé. Angry Rescue ressemble à une démo d’école de cascadeurs promue au rang de long métrage par erreur.
Si seulement… un préquel à Abadi Nan Jaya (2025) ?
Ironiquement, Angry Rescue pourrait presque passer pour un préquel raté du film malaisien Abadi Nan Jaya (2025). Là où le film d’Abadi parvient à tisser une vraie tension morale et une imagerie poétique, Angry Rescue se contente de mimer la gravité sans la comprendre.
Si Angry Rescue n’était pas aussi bancal, on pourrait y voir le brouillon maladroit d’un univers d’action plus large. Malheureusement, on reste au stade du fan-film hypertrophié.
Et cette fin… vraiment ?
Comme pour ajouter l’insulte à l’injure, le dernier plan du film semble annoncer une suite. Le héros, couvert de poussière et de symboles, lève les yeux vers l’horizon, prêt « à continuer le combat ».
On en tremble.
Si suite il doit y avoir, espérons qu’elle soit meilleure — ou qu’elle ne voie jamais le jour. Par pitié pour les spectateurs, et peut-être même pour Tiger Hu Chen lui-même.
Verdict
Sous ses dehors de film d’action patriotique et brutal, Angry Rescue révèle surtout les limites d’un cinéma qui confond intensité et vacarme. Un spectacle sincère, certes, mais d’une naïveté presque embarrassante, lesté de clichés, d’un sous-texte douteux et d’une absence totale de regard.
Un film de sauvetage, oui — mais celui du scénario et de la cohérence n’aura jamais eu lieu.