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Netflix poursuit sa plongée dans les zones d’ombre du true crime avec Aileen : La Demoiselle de la Mort, un documentaire à la fois glaçant et pudique, consacré à l’une des figures les plus troublantes du crime américain.
Derrière le visage dur de la tueuse en série, le film révèle une femme à la fois façonnée et piégée par un monde masculin violent — mais qui tente, jusqu’au bout, de se réapproprier son image et sa voix.
Une légende avant une femme
Dès ses premières minutes, le documentaire place le spectateur face à une avalanche d’images d’archives : unes de journaux, extraits de procès, visages enragés. Aileen Wuornos n’est pas d’abord présentée comme une personne, mais comme une icône du mal.
Le montage, sec et rythmé, souligne combien les médias ont façonné le mythe avant même d’expliquer l’humain.
C’est là que réside l’intelligence du film : au lieu de glorifier ou d’excuser, il décortique le regard des autres.
L’Amérique des années 1990, fascinée par ses monstres, transforme une prostituée meurtrière en figure pop, presque légendaire.
L’enfance d’une damnée
Le cœur du documentaire explore l’enfance d’Aileen.
Elle sombre très jeune dans la prostitution. Ce récit, que la mise en scène restitue sans pathos, éclaire la lente fabrication d’une dérive.
Le montage alterne témoignages, images d’époque et silences pesants — autant d’échos d’une société indifférente.
Jamais le film ne cherche à absoudre Aileen, mais il montre comment une société peut fabriquer ses propres démons.
La figure du « monstre » devient ici un miroir déformant d’un système américain qui condamne la violence qu’il a lui-même engendrée.
Le crime, le doute, la peur
Les séquences consacrées aux meurtres sont d’une sobriété remarquable.
Le documentaire refuse la reconstitution voyeuriste et privilégie la parole : celle d’Aileen, oscillant entre rage et désespoir, et celle des enquêteurs, souvent empreinte de préjugés.
Était-ce de la légitime défense contre des clients violents ? Ou une spirale meurtrière incontrôlable ?
Le film ne tranche pas — et c’est ce flou moral qui le rend fascinant.
Le spectateur reste suspendu entre empathie et répulsion. On ne sait plus si l’on regarde une tueuse ou une victime.
Ce malaise constant constitue la justesse même du film.
Le procès et la chute
Dans sa dernière partie, Aileen : La Demoiselle de la Mort montre une femme épuisée, isolée, traquée.
Les images du procès sont terribles : Aileen hurle, rit nerveusement, supplie.
Les médias, omniprésents, se nourrissent de son effondrement.
Loin d’une simple chronique criminelle, le film devient alors une réflexion sur la spectacularisation de la justice américaine.
Le montage, presque clinique, laisse parler les visages : celui d’Aileen, mais aussi ceux des journalistes et des policiers, tous pris dans le même cirque médiatique.
L’après : mythe, mémoire et malaise
Le documentaire s’achève sur une note mélancolique.
Aileen Wuornos a été exécutée en 2002, mais son image continue d’alimenter la culture populaire : films, chansons, analyses, fascination morbide.
Le film, sans jamais la sanctifier, tente de lui redonner sa complexité.
Aileen n’était ni une héroïne ni une simple criminelle : elle était le produit d’un monde sans pitié, conséquence d’une chaîne de violences sociales et sexuelles.
Une approche mesurée, entre humanité et froideur
Esthétiquement, Aileen : La Demoiselle de la Mort adopte une forme épurée : interviews sobres, archives inédites, voix off contenue.
Loin du spectaculaire, la réalisation privilégie la rigueur et l’émotion retenue.
Certains pourront regretter une approche un peu trop formatée « Netflix True Crime » — propre, rythmée, mais parfois lisse.
Pourtant, cette retenue permet au spectateur de réfléchir plutôt que de frissonner.
Face aux autres représentations : Monster et Broomfield
Comparer ce documentaire à Monster (2003) est inévitable.
Le film de Patty Jenkins, porté par une Charlize Theron méconnaissable, plongeait dans la psyché d’Aileen et la rendait profondément humaine, amoureuse, tragique.
Là où Monster faisait vibrer l’émotion, La Demoiselle de la Mort préfère questionner le système : la société, les médias, la justice.
Face au documentaire brut de Nick Broomfield (Aileen: Life and Death of a Serial Killer), la version Netflix apparaît plus soignée mais aussi plus policée.
Broomfield filmait la folie nue ; Netflix filme la mémoire collective.
Deux démarches opposées, mais complémentaires.
Verdict : une œuvre nécessaire, pas révolutionnaire
Ni sensationnaliste ni moralisateur, Aileen : La Demoiselle de la Mort s’impose comme un documentaire solide, humain et intelligent.
Il ne bouleverse pas le genre, mais il en corrige les excès : pas de musique dramatique, pas de voyeurisme, pas de surenchère.
Le film préfère les questions aux réponses, et c’est sans doute sa plus grande qualité.
Un documentaire sobre et percutant, qui redonne une voix à une femme que l’Amérique avait réduite au silence.
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le 7 nov. 2025
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