Figurant parmi les nominés aux Oscars 2011 dans la catégorie meilleur second rôle féminin pour Jacki Weaver, on attendait cet Animal Kingdom avec une grande impatience, et qui plus est car ayant été plébiscité par la critique. Une machine d'une telle ampleur aux commandes d'un réalisateur inexpérimentée suscitait la curiosité. Que vaut donc cette oeuvre venue du pays du bush ?
Josh (James Frecheville), un jeune homme de 18 ans, découvre sa mère morte d'une over-dose. Trop jeune et irresponsable affronter la situation, il fera appel à sa grand-mère, chez qui il ira vivre. Seulement cette famille qu'avait fuit sa mère est des moins fréquentables, et pour cause, c'est une coalition de criminels vivant de leurs braquages, et dans le collimateur de la police qui tant est désespérément d'avoir ce qu'il faut pour les mettre à l'ombre. Josh, visiblement contre leurs pratiques, et s'étant amouraché d'une jeune fille vue d'une mauvais oeil par ses oncles devra trouver un moyen de subsister dans cette fosse aux lions. L'inspecteur Leckie (Guy Pearce) verra là un avantage considérable pour coincer cette famille, si tenté que Josh le rejoigne. Mais qu'est-ce qui est le plus fort, les liens filiaux ou la justice ?

Bien que ce soit le premier film de David Michôd, il est indéniable que ses débuts à la réalisation sont exemplaires. Mieux, il a réussi à synthétiser tout ce qui pouvait faire un bon polar, nous servant une intrigue des plus complexes, tout en étant simple. Si les membres de la famille sont tous très différents, sans non plus virer dans le stéréotype, mais dont les comportements sont prévisibles, notre personnage est quant à lui une bombe à retardement, ne nous donnant pas d'indices quant au camp qu'il va rejoindre, ni à ce dont il est capable. Il reste stoïque à la mort de sa mère, se montre peu loquace, semant un trouble efficace et maintenant en haleine le spectateur jusqu'aux dernières secondes de la pellicule.
Parmi les seconds rôles on remarquera surtout la grand-mère, interprétée par Jacki Weaver, d'une incroyable justesse, faisant figure de chef d'orchestre, entretenue par ses multiples enfants, et dont le seul intérêt qu'elle voit en eux est ce qu'ils peuvent lui rapporter. C'est avec plaisir que les fans de Guy Pearce le retrouveront, bien que son rôle soit relativement mineur par rapport aux autres, et que sa moustache à la Brando lui donne un air légèrement idiot (n'est pas Tom Selleck qui veut).

Bref, Animal Kingdom est une oeuvre maîtrisée avec maestria, digne des plus grands polars vieille école, et n'ennuyant jamais le spectateur, malgré le partie pris du réalisateur de nous servir un récit suivant un rythme lancinant, se concentrant bien plus sur le développement des personnages que sur l'action pure et dure façon Point Break. Un choix qui pourra déplaire, mais que les amoureux du genre, façon Hitchcock, ne pourront qu'applaudir.
Le seul grief que l'on pourrait retenir contre le réalisateur et son film serait sa métaphore du règne animal (Animal Kingdom en anglais), car si effectivement les animaux survivent en se servant d'autres, plus faibles, ou plus forts, ils ne le font en revanche pas par vilenie, contrairement à l'être humain qui le fait en ayant pleine conscience de ses actes, ainsi que de leurs conséquences. Cela dit ceci est un point de philosophie qui variera suivant les esprits, et trop peu important pour que l'on puisse en blâmer le réalisateur.
Pour conclure, les amateurs de polars à l'ancienne succomberont sans nul doute à cette évolution intelligente du genre. Ceux qui s'attendaient à de la violence saupoudrée de gunfights seront loin d'être satisfaits, l'intrigue puisant ses ressources dans la psychologie, et non dans l'action conventionnelle comme on a l'habitude de le voir dans les films contemporains.
Mention spéciale pour James Frecheville, passionnant dans son rôle de jeune homme paraissant tantôt fort tantôt faible, et assumant à la perfection l'imprévisibilité de son personnage.
SlashersHouse
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le 26 avr. 2011

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