Je ne vais pas faire le malin en ironisant sur Luc Besson, comme beaucoup de critiques le font depuis 10 ans.
Luc Besson est devenu avec le temps la cible de tous les sarcasmes et il est de bon ton d’en rajouter dans les poncifs. Avant tout parce qu’il est français et qu’il a du succès, ce qui est le pire défaut dans un pays où on a toujours préféré Poulidor à Anquetil, et parce qu’en plus il a le toupet de persister dans le succès (comme Eddy Merckx qui se faisait frapper par certains spectateurs pour son dernier Tour de France).
Ensuite, non le sujet d’Anna n’est pas la simple reprise d’une recette de moineau aux betteraves (cf Red Sparrow) mais c’est une prise de conscience de la force militaire russe. Des espionnes surentraînées comme Anna, en aussi canons (mais en moins fragiles), l’armée rouge en forme des milliers, prêtes à intervenir sur n’importe quel terrain d’opération dans le monde. De vraies machines de guerre, d’autant plus dangereuses quand elles sont « retournées » par la CIA ou le Mossad et qu’elles changent de camp.
On sait que Sasha Luss a eu beaucoup de mal avec les scènes d’action et qu’elle a voulu abandonner? ce qui n’est pas le cas pour une vraie espionne de l’Est qui est capable de neutraliser toute seule une section d’intervention de CRS grâce au kick-boxing, et l’aide d’un simple tournevis (ou à défaut d’une fourchette). Mais là où les Russes sont les plus forts c’est pour la manipulation à distance. Luc Besson, en difficulté après l’échec de Valerian a été contacté par les Russes pour se faire renflouer. En échange il donne à l’Ouest une idée de ce qui nous attendrait si ce genre d’agents très spéciales était lâché dans la nature en cas de conflit. Pour cacher ses sources Luc Besson a été obligé de s’auto-accuser de plagiat : « J’ai fait un film à mi-chemin entre Léon et Nikita ». La bonne blague !
Certaines scènes peuvent paraître irréalistes comme la scène finale au Parc Monceau. Il faut savoir que nous sommes surveillés par de « grandes oreilles de Mickey » indiscrètes. L’affiche, pour celui qui sait regarder, montre une Anna aux grandes oreilles, tiens, tiens, comme c’est bizarre! Si vous croyez être à l’abri des écoutes sachez que même sur la Lune les Russes écoutaient le chant des aigles avec leur cornet acoustique spatial. Vous voilà prévenus. Pour terminer cette critique je vous donne une petite astuce pour éviter de se faire écouter.
Je veux parler des matriochki piégées, ces poupées russes vendues aux touristes naïfs par des vendeuses russes appartenant elles-mêmes au KGB. La dernière poupée renferme des composants électroniques capables d’écouter une conversation et de prendre le contrôle de n’importe quel ordinateur, de n’importe quel smartphone dans le monde à partir du moment où elle est activée à distance depuis Moscou. Si vous ne l’avez pas déjà fait il est prudent d’enfermer la matriochka dans un frigo ou un congélateur pour éviter un jour de mauvaises surprises.
Loin de reprendre la même recette Luc Besson arrive à se renouveler totalement, bien que sous une légère contrainte, dans cette Anna carrée et nin(j)a aspirant simplement, comme l’autre, à être une femme libre.