Annihilation est étouffant, le nouveau film d'Alex Garland, déjà réalisateur du très bon Ex Machina, nous offre ici un film ambitieux qui ne s'arrête pas une seule seconde.


L'équipe rentre dans cette zone, l'aventure commence, les mystères s'enchaînent et pour une fois, ils sont (en partie) explicables. Mais au fond ce n'est clairement pas le scénario qui fait d'Annihilation un film intéressant, c'est son travail de son et lumière, tout est absolument magnifique et aurait franchement mérité une projection sur grand écran, les paysages ressemblent à des photomontages, le ciel est blanc de lumière, la végétation multicolores, même l'air présente quelques reflets arc-en-ciel rendant l'univers du film tel une illusion troublante, fantasmagorique. L'ambiance sonore vient également relever la tension pendant les (quelques) scènes d'actions -presque d'épouvantes- et l'émerveillement pendant les découvertes de plus en plus surnaturelles.
Ces découvertes qui, en plus d'être visuellement splendides, sont d'une belle inventivité, véritable mélange de tout ce que l'on connait, les détails s'ajoutent au film minute par minute pour offrir suffisamment d'inspiration pour garder la tête plein de rêves.


Si le propos n'est pas forcément des plus subtil (la femme endeuillée, l'alcoolique, la dépressive etc.), il a le mérite d'être plutôt bien traité. Symbolisme d'une peur du changement, de l'inconnu qui nous veut du bien –ou du mal, qui sait ?- et qui nous force à comprendre l'autre. Mais également un appel à la nature, unir l'Homme et sa créatrice en renversant l'ordre (connu) des choses, profitant de la destruction des corps comme objet d'étude.


En allant à contre-courant du paysage SF actuel (et du blockbuster en général en refusant la Paramount), Alex Garland réussit à mettre en image une œuvre marquante, et ce malgré sa psychologie un peu too much et sa surexposition scientifique.


Sans pour autant atteindre le niveau de réflexion des classiques (2001 bien-sûr ou plus récemment Premier Contact), on ne peut que remercier Alex Garland (sans oublier Netflix) pour avoir su (et pu) proposer quelque chose de nouveau faisant d'Annihilation une belle expérience, presque sensorielle, intelligente, amenant avec lui le spectateur dans un monde où règne la folie (ou l'élévation, la barrière est fine), d'une tension parfois insoutenable –dans le bon sens- et malgré quelques scènes en surplus (flashback) et une fin qui veut un peu trop jouer le coup du mindfuck, c'est un véritable plaisir de suivre cette (grande et unique) aventure.

Nicolas_S
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le 12 mars 2018

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Nicolas_S

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